Les légendes existent. Sont réelles. Qu'elles cherchent à s'intégrer ou à nous supplanter, elles sont avec nous. Contre nous. Parmi nous.
 
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Love like this [pv. Samaël]

Basile Samson
Basile Samson
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MessageSujet: Love like this [pv. Samaël]  Love like this [pv. Samaël] EmptyDim 27 Déc - 19:47



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with Sam



Pas un son et pas un bruit. Les couloirs désertés des coulisses se croisent comme les ruelles d’un labyrinthe. Il ne reste sur les cintres que des costumes vite abandonnés, tutus d’orgenza et justaucorps en nylon. Là un chapeau de toréador et ici les chaussons qu’une ballerine a oublié. Il est tard et la lumière des néons est vive, lui pique un peu les yeux. C’est habituel, il ne s’en plaint pas, même si ça l’oblige à fermer un peu les yeux. Il inspire longtemps l’odeur de poussière et de bois renfermé qui monte de la scène, bien plus loin. Il imagine les courses des danseuses, les maquillages qui se succèdent devant des miroirs éclairés, les grimaces des épingles que l’on se plante dans le crâne pour mieux faire tenir les chignons. Les pointes et les répétitions pour que le corps se plie à la grâce aérienne de la perfection. C’est un carcan de règles et de rythme à suivre, c’est comme observer une volière de colombes. Cela le rend triste autant que cela le fascine. Un peu.

Juste un peu.

Il ne sait pas ce qu’il y cherche mais sent bien, le djinn, que tout ici l’appelle dans sa mémoire muette. Basile n’irait pas jusqu’à s’aventurer aux abords du plateau, à se faire voir de ces anges qui l’ignorent bien souvent. Il est loin le temps d’une clef souhaité et ramenée à sa propriétaire, loin le temps des quelques sourires surprit de ceux qui le croisaient à la machine à café. Il a appris à se fondre dans les tentures de velours et les décors peint. A venir le plus tard possible pour ne pas déranger, quitte à seulement les imaginer.

Et le voilà. Il est 23h maintenant. Le gardien doit somnoler à la porte mais ne s’en ira que lorsque Basile aura cessé son affaire. Main sur un sceau remplit de produits d’entretien et de torchons, l’autre sur un aspirateur qu’il traine derrière lui tel un chien fidèle, il passe de portes en portes.

Jusqu’à s’arrêter devant celle qui l’intrigue depuis quelques jours.

C’est une loge d’invité, mais la pancarte de plastique a disparu et elle est souvent entrouverte. En passant la serpillière, il a parfois pu y jeter un coup d’œil, découvrant du regard un fouillis indescriptible. Mais la loge est souvent plongée dans le noir, le détail ne lui apparait jamais clairement, et il ne doit pas y mettre un pied. C’est la règle.

Mais l’histoire nous raconte que le djinn sait se montrer désobéissant. Quand le besoin s’en fait sentir et justement, il pointe dans son crâne. Un chuchotement inquisiteur qui, d’une voix de femme, lui indique de franchir le seuil, d’allumer la lumière. De découvrir ce paysage d’invité sans nom – puisque le panneau n’est pas encore prêt, mais bientôt Richard viendra l’y clouer et alors cet anonyme aura une identité, le voile se lèvera et cette intriguante attirance finira dans le puits commun de la banalité.

C’est un risque à prendre.

Il laisse dans le couloir son aspirateur et son matériel, s’avance à petits pas. Eclaire la scène qui se révèle, dans un sourire un brin hagard. Se fait engluer par l’amas personnel qui s’échoue devant ses yeux.

Quel bazar.

Sur la chaise, des vêtements jetés plus qu’ils n’y sont posés. Sur le présentoir, des tas de costume, de nouveaux rôles. Sur la coiffeuse, un bric à brac innombrable de petits objets qui se mélangent sans cases – une statuette d’ours, là de caribou, une pomme de pin, des bijoux, une palette de maquillage, un recourbe cil, une cannette de sirop d’érable percée de deux trous et dans lequel une paille s’y plonge. Basile la saisit, la porte à son nez, la renifle. Et plus que le musc, le sapin, le talc de la loge, il y a cette odeur de sucre envoutante qui lui met l’eau aux lèvres.

La cannette est pleine quand il la secoue légèrement, et il pose ses lèvres sur la paille, aspire, et glousse.

C’est bon, comme du miel plus amer.

Des articles découpés jonchent aussi la tablette. « Lamoureux, une étoile montante canadienne » « Lamoureux le prince de Cinderella » « Lamoureux fait salle comble à Montréal » « Lamoureux vole la vedette au cygne de Tchaikovski ». Des articles sans photos, si ce n’est celle qu’il attrape et lève à la lumière, d’un garçon en caleçon de danseur et torse nu, bras écartés, visage concentré dans un tourbillon saisit dans l’instant.

Alors c’est lui.

« Lamoureux. »
C’est français. Il aime bien le français. Il aime bien son regard aussi quand il danse. Canette toujours en main, il penche la tête de côté. Observe les détails de ce visage longiligne – jeune, comme lui l’est, ou parait l’être.

Là dans ce miroir où une autre silhouette se découpe sans qu’il ne l’ai remarqué. Trop concentré à trancher, avec son pantalon de travail, son tee-shirt blanc trop large, son carré d’or impeccable et sa mine ravie d’enfant extatique et curieux.

Basile, Selbas, dans toute sa timide splendeur.





Samaël Lamoureux
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MessageSujet: Re: Love like this [pv. Samaël]  Love like this [pv. Samaël] EmptyLun 4 Jan - 13:09



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with Basile

Belle et mince, elle connaît les pas, encore faut-il les livrer sur la scène.
Le rideau est tombé, une fois de plus. Et juste derrière, invisible aux spectateurs fantômes, Samaël se tient mains sur les hanches, torse nu. Il a laissé sa chemise et sa veste au pas des coulisses, il ne lui reste plus que le collant noir et les chaussons de pareille couleur. Il souffle, car atterrit tout juste.
Elle ne porte plus sa couronne de fleurs et une bretelle de sa robe blanche pend lâchement sur son bras. Essoufflée, elle grimace, se plie en deux, se redresse vivement et ses épaisses boucles brunes dégringolent sur ses fines épaules. Samaël se remémore qu’il n’est effectivement pas celui qui a dompté cette chevelure-là.
Elle fait un pas vers lui, effleure de ses doigts le poignet du danseur, fait un pas encore pour se rapprocher davantage de ce corps chaud. Peu lui importe le lustre de la sueur et le maquillage de scène qui, vu de si près, plus qu’effémine simplement le regard et les traits du jeune homme, les lui souligne, sous le dernier regard d’un projecteur, d’une intensité surnaturelle.
Son poignet est fin et pourtant fort. Des yeux, elle suit les petites taches sombres qui parsèment le bras jusqu’à l’épaule, puis qui se dispersèrent au gré du hasard des constellations sur sa poitrine imberbe. Le collant fait office de frontière et ne permet pas de s’aventurer trop amplement sous le nombril.
La danseuse lève les yeux.
Il ne la regarde pas. Ses iris tout d’ombres et de discrets reflets presque… incarnadins, fixent les rideaux inhabités des coulisses. Au-dessus d’eux, ses sourcils se froncent.

« Sam ? »

La Sylphide ratée se permet déjà des familiarités. Samaël ne sait plus quelle grandeur d’âme l’a incité à bien vouloir revoir avec elle non seulement leur pas de deux partagé, mais son solo d’entrée.
D’elle, il a obtenu, déjà, ce qu’il s’était pris à désirer en répétition. Rapidement lassé de ses grands soupirs de tragédienne et de son impudeur préfabriquée d’actrice, sous la couette, il a coupé court à ce manège, mais ses charmes continuent d’opérer.
Les doigts sur son poignet ne le laissent pas moins indifférent. D’autant plus que quelque chose lui titille le sixième sens. Quelque chose comme une impression de devoir être ailleurs. Quelque part, des remparts sont franchis. Et de toute façon…

« Il est tard. »

Sans un regard il quitte la scène d’un pas sous lequel les planches laquées frissonnent à peine. Derrière lui, la danseuse rabaisse lentement sa main abandonnée, a une moue légère, se mord la lèvre. Au passage, Samaël se penche et enfile un sweat-shirt rouge à fermeture éclair, et attrape les restes de son costume abandonnés plus tôt. D’une poche du chandail, il sort une paire d’écouteurs, les insère dans ses oreilles.



Les couloirs l’engloutissent. Déserts et sombres. Il s’y laisse porter, tiré vers sa loge par l’habitude des derniers jours. La première série de représentations touchera bientôt sa fin. Enfin.
Jusqu’à présent, Samaël s’est surtout plié à l’enthousiasme de ses hôtes, s’est prêté au jeu, a fait de lui leur danseur, a consenti à faire un détour, à son avis, en s’abaissant à leur niveau, en le magnifiant de ses pas.
Qu’importe.
Que lui importe.
La halte est nécessaire.
Non, en vérité…
Que lui importe là, précisément.
Seul dans les méandres de la part d’ombre de l’auditorium, Samaël interrompt sa marche, cesse de traîner ses pas, laisse tomber son costume par terre, glisse une main dans ses cheveux et repousse sa frange sur le côté.
Et lentement, doucement, paupières closes, se laisse pousser par la musique, balancer, rebondir. Il sait mal cet abandon, l’apprivoise tout juste, celui qui coule et s’écoule en intimant son rythme propre, appuyé de chaque coup de caisse claire, infaillible même dans un silence.
Un temps, il se joue de son ballet, a du mal à faire fléchir sa rigueur, mais le soumet de force à son jeu et ses pieds ricochent sur le tapis, sa nuque se relâche, ses hanches, même, admettent la défaite temporaire et s’inclinent, excusent temporairement leur maître… De ne plus convoiter les nues.

À la remontée de déboulés brouillonnés, un écouteur tombe et pend sur le torse de Samaël en chuchotant sa chanson. Le danseur se redresse. Le couloir au bout duquel il a débouché lui offre la vue, quelques mètres plus loin, de la porte de sa loge entrouverte et, surtout, du long trait de lumière qui s’en échappe.
Il le leur avait dit, et écrit, pourtant, en français, en anglais, il le leur avait répété : pas de ménage dans sa loge. Jamais. Il se chargerait lui-même de son désordre. Se chargerait d’amoureusement l’entretenir, oui.
De nouveau recluse dans la poche du sweat-shirt, la musique ne chante plus que pour elle seule. Au diable le costume, Samaël l’oublie derrière lui. Bientôt il contourne seau et aspirateur, pose sa main sur la poignée et s’insinue dans son intimité violée.

Le reflet de l’ombre tapie en arrière-plan, cependant, voit son air contrarié se faire plutôt étonné à la vue du garçon qui fait face au miroir.
Samaël devine qu’en touriste effronté, l’intrus a bu son sirop d’érable et se distrait tout bonnement de ses effets personnels. De toute évidence, il n’est pas là pour nettoyer quoi que ce soit.

Brusquement, alors, les yeux rivés au visage qui ignore toujours sa présence, Samaël tend le bras et repousse la porte qui se referme en un bruyant claquement. Aussitôt fait, l’homme d’entretien n’existe plus. Le joli blond à l’étrange coiffure, dans son habit grossier, dans son culot mal placé, n’est plus personne. C’est du moins ce à quoi s’obstine Samaël en laissant indolemment glisser sur ses bras les manches de son chandail qui tombe à ses pieds et qu’il enjambe simplement en se dirigeant vers la coiffeuse que surplombe le miroir.
Pas une œillade, pas une, pour l’autre auprès duquel pourtant il prend place, si près que son épaule frôle la sienne, que son bras qui se tend au-dessus des petits pots de crème, flacons et autres éparpillés sous leurs nez, effleure le sien. Velours à velours les épidermes se rencontrent dans l’indifférence feinte de Samaël.
Démaquillant et lingette en main, il entreprend méticuleusement de chasser de son visage le personnage dont il porte toujours le masque.


Basile Samson
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MessageSujet: Re: Love like this [pv. Samaël]  Love like this [pv. Samaël] EmptyLun 4 Jan - 19:29



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with Sam



La porte claque dans son dos et c’est avec un cri féminin que Selbas sursaute, prend conscience de la présence de l’adversaire. Lamoureux est revenu à sa loge – bien qu’il soit étonnant qu’il soit resté au conservatoire bien après l’heure de fermeture, mais ainsi fonctionne le hasard. Faisant brusquement volte-face, les doigts crispés sur la canette qu’il a manqué de lâcher, il fait front au jeune homme. Et contemple le pâle reflet d’une photo en noir et blanc qu’il tient encore de l’autre main. Il en reste un peu bête.

Ce teint blafard de malade, à cause du maquillage. Le regard sombre et rougeoyant, sous sa crinière noire. Il est plus grand que lui et porte un chandail rouge vif au-dessus d’un caleçon de danseur. Pendant quelques secondes, ils s’affrontent. Et tandis que le djinn cherche les mots pour se présenter, s’excuser ou simplement le saluer, le canadien s'avance d'un pas ferme, droit sur lui.

Brutalement, il envahit la pièce comme une scène. Mène son rôle de meneur en lui jetant la cape de l’ignoré sans faire grand cas de ses pensées. Et pourquoi pas ? Basile ne s’est-il pas introduit dans son cercle personnel sans y avoir été convié ? N’a-t-il pas cherché ce mépris que le danseur lui offre pour seule récompense ?

Si, bien évidemment. Le regrette-t-il ? Pourtant non.

C’est comme se faufiler dans la cage d’un fauve et le sentir tournoyer autour de soi sans signe évident d’attaque. Mais Lamoureux est entré, Lamoureux ne l’a pas chassé, pire, Lamoureux les a enfermé. Le chandail abandonné à terre, le torse nu laisse échapper le musc de sa sueur et de près il voit l’humidité de ses tempes, son souffle essoufflé et ces braises au fond de ces prunelles, qui lui font comme un feu de cheminée. Semblable à la lune suivant le chemin de la terre, Basile répète ses mouvements, se retrouve à son tour face au miroir, s’enfonce dans le silence pesant de cet échange inerte. Et louche sur le bras qui se tend, ramasse les lingettes, et offre enfin à la lumière crue des néons le plaisir de son vrai visage.

Il est tout aussi pâle là-dessous. Avec des lèvres rouges, toutes ondulées. Basile sourit.

« Vous devez avoir soif. » Et c’est par ces mots que tout commence. Sa main lui tend la canette, la paille qui vient effleurer sa bouche. Il ajoute, discrètement. « Il en reste un peu sur votre nez, vous avez mal essuyé. »

Puis avale à son tour une gorgée de sucre, écoute le sifflement de ses narines, observe les longs cils qui se perdent au-dessus de ses yeux. Avant de se détourner.

Par des gestes simples, il se penche, ramasse le chandail, l’écouteur qui pend et chuchote encore sa chanson. Basile l’enfonce dans son oreille, écoute, dodeline dans la tête – c’est charmant même s'il ne connaissait pas cette chanson – puis retire le mp3, le cale dans sa poche, plie le vêtement et vient le déposer sur un espace vide de la coiffeuse.

Voilà qui est bien mieux. Presque familier.





Samaël Lamoureux
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MessageSujet: Re: Love like this [pv. Samaël]  Love like this [pv. Samaël] EmptyLun 4 Jan - 21:00



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with Basile


Toujours cet autre, jamais exactement le même, que dévoilent les gestes rituels. Cette fois, c’est la fatigue, qui gentiment souligne son regard, qui retient son attention une seconde de plus que le reste. Les mèches humides et désordonnées de son toupet, le grain de beauté sur la tempe, celui au coin de l’œil, l’autre à la frontière des cheveux. Et la bouche, qu’il entrouvre afin d’en humecter les lèvres et de tenter de dissoudre ce qu’il reste du baume.
Il tourne légèrement la tête, jauge son profil droit, puis l’autre. Voilà qui est mieux, juge-t-il. Voilà qui n’est plus que Samaël.
Sans compter cet autre qu’il voit bien sourire, du coin de l’œil.

« Vous devez avoir soif. »

Ses lèvres se pressent un instant. Il ne sait pas, mais n’a pas besoin de savoir. Au contact de la paille il ouvre la bouche sans réfléchir, aspire une gorgée. Pas particulièrement désaltérant, le sucre lui donne néanmoins aussitôt l’impression de recouvrer quelques énergies perdues.

« Il en reste un peu sur votre nez, vous avez mal essuyé. »

Samaël retourne à son reflet, se penche, examine ce nez soi-disant mal essuyé, constate le teint qui contraste et, sans suivre son geste des yeux, tend la main, cherche une lingette, trouve. Distraitement, sans se regarder, il nettoie de nouveau.
Dans son dos, le jeune homme… vaque. Disons, s’affaire à ce qu’il sait apparemment faire. Ou plutôt, prétend savoir faire. Et ça, c’est sans compter qu’il lui pique sa musique, la fait sienne.
Samaël plisse les paupières, sans cesser de frotter son nez dans un geste devenu machinal. Il ne s’arrête que lorsque le sweat – plié – atterrit sur la coiffeuse. Il lâche la lingette, empoigne le vêtement tout juste « rangé » et se dirige vers un fauteuil afin de l’y laisser tomber en un ramassis informe, sur le siège.
De biais, il observe l’homme d’entretien. Un fin, tout fin tout discret sourire tire le coin de ses lèvres. Mais il ne s’arrête pas longtemps à ce petit jeu un peu bête et retourne vers la porte, l’ouvre, revient muni du seau et referme derrière lui. Il laisse tomber les produits nettoyants à ses pieds et pointe, de l’index, le miroir devant lequel il se tenait l’instant d’avant.

« Puisque tu y es, tu peux le nettoyer. »

Samaël t’autorise, garçon, à polir son reflet. Et le tien, par la même occasion.

D’un tas de vêtements repoussés dans un coin, le danseur tire une bouteille d’eau à demie pleine. D’un trait il en vide le contenu, laisse tomber la bouteille vide sur le tas. Sans se pencher, il retire ses chaussons, les envoie valser par là, et insère ses pouces sous la ceinture de son collant, s’apprêtant à le retirer.

« Je vais prendre une douche. »

Dans un coin de la pièce, une porte ouverte. Samaël s’y avance.

« Tout l’album est bien. » fait-il à l’adresse du jeune homme en lui coulant un regard par-dessous avant de se laisser envelopper par l’ombre qui règne dans la minuscule salle de bain.

Il y retire collant, sous-vêtement, ouvre la lumière et entre dans la baignoire en laissant la porte entrouverte.
Sous l’eau chaude, il espère trouver de quoi inspirer le peu d’esprit que cet impromptu lui autorise. Mais il n’y a, en vérité, que le visage du garçon, même absent, pour épier ses idées mises à nues.
Samaël ne sait pas pourquoi il a refermé la porte de la loge.

Lorsqu’il en est à rincer ses cheveux, il ignore toujours tout de ses intentions. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il a oublié de prendre avec lui la serviette qui traînait au pied du fauteuil. Malgré lui, il se résout à demander assistance, de l’arrière du rideau flou…

« Tu es toujours là !? Ma… J’ai oublié ma serviette. » admet-il d’une voix qu’il se surprend à entendre frémir. Mais de quoi ?

C’est une crainte, soudain, qui lui saisit la gorge, plaque ses lèvres sur les siennes et repart comme elle est venue, furtive et moqueuse. La crainte que l’intrus ait profité de cette parenthèse pour fuir.
Samaël écarquille les yeux.
Le mot, rien que le mot l’énerve. Comme une insulte. D’un vif mouvement de tête il le chasse. En même temps, sursaute d’entendre un bruit, de l’autre côté. Sous son pied, une gouttelette de trop, qu’une, en profite pour glisser sous son talon. Alors, tout s’ébranle. La jambe s’envole. Le corps à la renverse, Samaël tombe dans la baignoire, empoigne le rideau au passage, le décroche, et atterrit dans un bruit sourd, lourd de sa chute, drapé de plastique.
Un tantinet sonné, il marmotte quelque « tabar*** » bien senti en se frottant le derrière de la tête.
Les danseurs ne perdent pas pied.
S'ils tombent, c'est qu'on les a poussés.


Basile Samson
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MessageSujet: Re: Love like this [pv. Samaël]  Love like this [pv. Samaël] EmptyMer 6 Jan - 23:35



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Il a voulu étendre la main, lui donner une lingette pour avoir la possibilité d'effleurer ses doigts, mais préfère demeurer en retrait, à observer cet être mystérieux, ce danseur au regard sombre si loin de son sable, accroché au ciel. Et Basile pense que Lamoureux serait parfait dans le rôle du cygne noir, plutôt que dans celui du prince. Dans dos, il voit le dessin harmonieux et symétrique de ses omoplates, le clavier discret de ses côtes et la chute libre de ses reins. Les grains de beauté se succèdent comme des notes noires sur une ligne de musique, et il a envie de les compter tous, d'y faire jouer ses doigts. C'est abrupt et puissant comme sensation, une envie éphémère qui déjà, comme passe la vague et efface les traces de pas, disparait dans le lointain de son conscient.

Et Lamoureux se joue de lui. Ramasse le pull, le jette en tas dans un autre coin, attire son attention ailleurs. Le djinn s'en approche, par défi plus que par envie, le replie et le dépose sur un coussin qui traine. En caresse le velours avant de porter la main à sa poche pour changer de musique. Fausse manipulation ou autres, ce n'est pas la même voix d'homme qui chuchote soudain les paroles d'une chanson qu'il ne reconnait pas non plus.


Mais il aime son rythme lent, le rythme des basses sous la voix enfantine de la fille. Et les paroles en anglais qu'il écoute sans chercher à les comprendre. Il sourit, voudrait se tourner pour lui tendre l'oreillette et partager ce moment. Seulement Lamoureux en a profité pour ramener son sceau, et d'un geste de dédain lui indique le miroir.

Basile sourit de plus belle.

« Bien sûr que je peux nettoyer. Je peux tout nettoyer. »


Il ne doute pas encore de l'importance de ses mots. Attrape chiffon et lave-vitre, en presse le liquide qui s'explose en étoile sur la surface lisse. Le miroir reflète le recul du danseur. Les doigts sur son caleçon, la ligne sombre sous son nombril, le renflement presque cubique de ses pectoraux et ses avants bras formés aux portés. Joli corps bientôt nu qui s'enfuit dans la salle-de-bain pour prendre une douche.

Tu fais bien, l'artiste. Ton parfum âcre commençait à se mêler à celui de la poussière que Selbas sème sans le savoir. Entêtant mélange, étrange osmose qui lui plombe les tempes et le nez, rend son regard hagard et ses gestes moins certains.

Pourtant il nettoie, essuie, range. Soulève chacun des débris et objets qui parsèment la coiffeuse. Met à la poubelle ce qui doit être et caresse du bout des doigts le relief de cette statuette d'ours. Tout est joli, tout est étrange. Tout est à lui. A lui qui fait couler l'eau.

Longues minutes au son d'une cascade, et il image le trajet des gouttes, sa chevelure toute humide, la vapeur de hammam qui commence d'ailleurs à filtrer à travers le rideau. Savon, et l'humidité embrasse son sable.

Petrichor. Avant que l'eau s'arrête. Et la voix de retentir, frêle et hésitante.

« Tu es toujours là !? »


Oui joli danseur.

« Ma… J’ai oublié ma serviette. »


Celle qui traine sur le fauteuil peut-être. Selbas essuie ses mains, rejette le torchon dans son sceau, y pose prudemment la feuille sèche d'érable qu'il tient à lui voler. Et se dirige vers la porte, pour chasser son badge, ses obligations et son métier.

Le son mat de ce verrou qui claque, c'est sans doute ce bruit que Lamoureux entend et le fait paniquer. Mais Basile lui a concédé l'enfermement et attrape la serviette de bain avant de s'avancer à petits pas vers la salle d'eau.

Seulement, le danseur chute. Et le "bong" de son crâne heurtant le rebord de la baignoire l'oblige à se présenter plus rapidement que prévu.

Regard paniqué, gestes en alerte, il abandonne la serviette sur un tabouret déjà bien occupé avant de tendre la main vers ce corps nu en échec. Il n'a pas un regard pour son sexe, comme si la pudeur ne faisait pas partie de ses réflexes.

« Attends, attends. Ne bouge pas, laisse moi regarder. Saignes-tu ? Peux-tu me dire combien j'ai d'yeux ? »


D'yeux inquiets sur toi.

Et les doigts fourragent les mèches humides, cherchent la bosse dont le renflement apparait plus conséquent que prévu. Penché au-dessus de lui, Selbas semble l'étreindre. Et soupire, rassuré.

« Tu devrais faire plus attention et ne pas sortir ainsi, pieds nus et sans tapis. Lamoureux trop pressé, que ferait-on sans toi pour les ballets ? Ils vont vite maugréer de te savoir absent si tu te blesses vraiment. »
Basile recule. Tend ses doigts vers le tabouret. « Non ne bouge pas. Attends moi pour te relever. J'ai apporté ta serviette, je vais te sécher. Je suis un professionnel. »

Il rit, comme une blague faite à lui-même.

« J'ai bien pris soin d'un loup, une fois. »


Et les écouteurs pendent sur son torse humide de l'eau épongée à son corps rapidement rapproché.





Samaël Lamoureux
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MessageSujet: Re: Love like this [pv. Samaël]  Love like this [pv. Samaël] EmptyLun 11 Jan - 19:25



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C’est lui…
Lui, le laveur de reflets. C’est de sa faute.
Dans les vapeurs de la salle de bain, de son brouillard, Samaël se revoit sourire moqueusement « Bien sûr que je peux nettoyer. Je peux tout nettoyer. » en s’imaginant le garçon à quatre pattes derrière lui, effaçant chacun de ses pas, torchon à la main, et lui, superbe, saisissant ici et là de jolis visages, les embrassant passionnément, puis leur arrachant la gorge d’une morsure… Lui, semant les corps dans son sillage avec l’insouciance d’un diable et l’autre, le polisseur de reflets, à nettoyer.
Il ne sait pas pourquoi.
Simplement, il a vu, ç’en ait amusé.
Et maintenant, il paie. De ses sens engourdis et de son corps disgracieusement échoué devant lui, ce bon à si peu, Samaël paie.

« Attends, attends. Ne bouge pas, laisse moi regarder. Saignes-tu ? Peux-tu me dire combien j'ai d'yeux ? »

Non.
Mais il les regarde quand même. Ces deux yeux qui lui veulent du bien, il leur tend le sien de regard. Même qu’il a de beaux yeux, le dompteur de chiffons. Ça lui est d’ailleurs une évidence un peu violente, ce constat, de ces évidences qui aiment à imprimer leurs jolis doigts sur la joue, en apparaissant comme de nulle part, insultées. Ça le gifle, le danseur. Il savait qu’il avait une de ces têtes agréables pour l’œil, mais pas au point que lui puisse le trouver si beau. Et pas que ça, beau, comme n’importe quoi.
Non…
Plutôt comme, d’une innocence à lui crisper la mâchoire et dilater la pupille.
Alors Samaël ferme les yeux, devant l’indécente bienveillance de ce regard.

« Tu devrais faire plus attention et ne pas sortir ainsi, pieds nus et sans tapis. Lamoureux trop pressé, que ferait-on sans toi pour les ballets ? Ils vont vite maugréer de te savoir absent si tu te blesses vraiment. »

Qu’ils maugréent, ces bons à rien. Tandis que Samaël soupire sur ta nuque, joli blond, de t’avoir si près à lui fouiller les idées avec tes doigts fins de dresseur de sables.

« Non ne bouge pas. Attends moi pour te relever. J'ai apporté ta serviette, je vais te sécher. Je suis un professionnel. »

Samaël déglutit, rouvre les yeux, et dans son bain devenu berceau, se décrispe, s’apaise un peu en expirant longuement par le nez. Il demeure cependant sérieux, plutôt pantois, à bêtement cligner des paupières devant le rire de l’autre.

« J'ai bien pris soin d'un loup, une fois. »
De surprise, malgré lui, le danseur hausse les sourcils.
« Vrai ? »

Presqu’au même instant, il tend sa main au garçon, la lui offrant comme pour qu’il la lui essuie, mais la trajectoire dévie, et il attrape plutôt l’écouteur, l’insère dans l’oreille gauche de l’essuyeur professionnel, puis envoie l’autre par-dessus son épaule, dans son dos, craignant que quelque son ne s’échappe et trahisse la chanson.
Les préparatifs achevés, Samaël sourit, badin, et en même temps, il repose sa main, cette fois sur le rebord du bain, et se sert de cet appui pour se redresser. Simplement : rester assis, là, au fond de la baignoire à attendre d’être professionnellement essuyé.
Il repousse sur le côté de sa jambe le rideau de douche mouillé et désagréablement froid. À nouveau, il tend son bras, mais cette fois, en s’attendant vraiment à ce qu’on le lui sèche. L’autre main, elle, se couche sagement sur la cuisse sans chercher à cacher quoi que ce soit.

« C’est quoi la chanson ? Fais-moi deviner. »

Tant qu’à jouer les gamins…
Quoiqu’à ce moment précisément, Samaël ne joue à rien.
Rien.
Enfin…
Si ce n’est « devine quelle chanson », ou quelque chose comme ça.



Basile Samson
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MessageSujet: Re: Love like this [pv. Samaël]  Love like this [pv. Samaël] EmptyLun 11 Jan - 19:48



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Basile rit, comme un enfant. Attrape la serviette, inconscient du Diable qui l'observe en se pourléchant les babines. Inconscient des idées mortuaires dont il est le sujet, et des envies brutales qui étreignent les pensées du danseur. Il se fiche de la musique, frotte sa joue à l'éponge - douce, si douce - et la ramène à la silhouette toujours effondrée dans sa baignoire. Posément, il s'assoie sur le rebord et s'amuse à plier, déplier la serviette en attendant que Lamoureux se redresse.

« Vrai, vrai de vrai. C'est un bon ami maintenant. Il m'est apparu en loup. Il est revenu vers moi en homme. Il était nu, comme toi. Tout nu, comme au premier jour, et je l'ai ramené chez moi. Je lui ai servi de la viande et nous avons discuté. C'était bien, c'était le hasard, le hasard joli. Pas comme celui qui t'a fait tomber. Quand je pense que tu aurais pu te blesser... »


Et d'un regard bleu et tendre, il ajoute, calmement.

« Tu sais. Je ne mens jamais. Mais j'ai vu les hommes le faire. Pour le bien, pour le mal. En tout temps, en tout lieu, et qu'importe leurs raisons. Cela n'amenait jamais rien de bon. Mens-tu toi ? Aurais-tu confiance si on te parlait comme je le fais ? Non, pas vrai ? Comme les autres, ton esprit se froisse de ce que tu ne peux deviner. J'ai dans la tête des mots que tu ne peux attraper, et cela te fait peur. Ne crains rien va. »


Il rit encore.

« Je n'ai jamais eu de mal à les attraper et à les faire parler. Allons, tend le bras maintenant. »


Et Lamoureux d'obéir, mais en attrapant l'écouteur qui pend. Basile cligne des yeux sans comprendre son geste, mais se penche, par instinct, pour lui offrir le creux de son oreille. Alors la musique reprend, et c'est encore un autre thème, une autre douceur qui chantonne à sa cervelle. Le berce, doucement.

Basile se relève. Intrigué. Mais attrape le bras sans le laisser s'échouer, pour mieux l'éponger.

« La chanson ? »
Ce n'est pas de l'anglais. Et il met une seconde de trop à reconnaitre une langue rapidement croisée. Mais Basile sourit, son nez se fronce adorablement, et il a comme un soupir exalté quand il répond. « Ah, c'est de l'italien. »

Il se glisse dans le dos relevé du danseur. Et éponge ses cheveux, sa nuque. Caresse la ligne osseuse de sa colonne vertébrale. Effleure les grains de beauté noirâtres qui se succèdent à sa peau. De là, il peut mieux les voir. Et compte: 1 - 2 - 3 - 4 - 9 - 18...

« J'ai mangé mes meilleures glaces à la fraise en Italie. Sur une place ensoleillée ou des filles passaient et flânaient dans des robes plus longues qu'aujourd'hui. Elles semblaient toutes délicates comme la porcelaine fine des tasses à café. Tout était croustillant et sucré, de la meringue. Et il y avait une odeur d'huile et de lavande dans l'air. Oui maintenant je m'en souviens... »


La serviette passe sous les aisselles, et bifurquent sur l'autre bras. Avant de retrouver le torse. Et Basile tamponne son coeur, avant de redessiner ses pectoraux, tête penchée en avant sur le cou de l'artiste. Observant ce nombril qu'il vient caresser, essuyer, avant de remonter sur son estomac.

« Mais la chanson, ah la chanson, elle parle de l'océan. Elle dit qu'un marin s'endort, dans des rêves bleus et étrangers. Que malgré les je t'aime et les mains tendues, il somnole dans ses pensées et ne sait se rapprocher. Il est inconstant, le beau marin. Il est à l'image même de sa mer. Alors la femme l'attends, la femme continue de l'aimer, mais ne sait pas si c'est en vain... Alors elle murmure la berceuse, la fredonne et patiente, la jolie. Patientera quand même malgré le temps. Oh les beaux violons... Lève toi ? »


Nouveau rire.

« Prudemment cette fois. Appuie toi sur moi si tu veux. Je ne suis pas très fort, mais je saurais bien t'aider. »
Et les yeux de Basile lui sourient. « J'aime aider. Alors alors ? Tu as deviné ? »




Samaël Lamoureux
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MessageSujet: Re: Love like this [pv. Samaël]  Love like this [pv. Samaël] EmptyMer 13 Jan - 20:28



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Un homme et un loup tout à la fois. C’est là le genre d’histoire qui se connaît le don de faire hausser un sourcil au danseur. Pas de suspicion. Non, il ne saurait douter de ces histoires-là. Après tout, n’est-il pas lui-même le fruit de quelque mystère, n’est-il pas lui-même l’incarnation d’une de ces histoires à faire hausser le sourcil ?
Si Samaël hausse le sourcil gauche, c’est qu’une petite jalousie serre les poings et tape du pied, au creux de son ventre. Petite jalousie douée de cornes et d’une queue de diable, elle a l’œil enflammé et les crocs acérés. Elle est bébête et s’emporte pour un rien. Elle veut toujours tout, surtout quand elle ne l’a pas déjà.
Un homme et un loup tout à la fois.
Elle aussi aurait aimé être le loup. N’être pas que cette danse envoûtante, être plus. Être la bête qu’elle se sait être, en vérité, quand elle touche son visage et tâte ses cornes. Mais non. La nature l’a faite homme. Qu’homme ou presque.
Et Samaël sait que cette nature, à l’origine, c’est lui qui l’a désirée. Naître homme et mourir ainsi. Jouer en se jouant d’eux. Et le voilà pris au piège, le sien. Le savait-il, ce diable qu’il fut, qu’il est, le savait-il qu’il finirait par s’étourdir, à inlassablement enchaîner les pirouettes?

Mais pauvre diable ce n’est que ce garçon, pour l’heure, qui t’étourdit. Il a raison quand il dit que ses mots sont insaisissables et sans doute le devine-t-il à voir la tête de Samaël, qui ne saisit effectivement que bien peu de choses, mais qui ronchonne quand même, défendant sa fierté…

« Je n’ai pas peur. »

Il rit quand même, le maître-chiffons. Il rit, ce garçon perdu. Et comme lui aussi n’est rien de moins qu’un grand gamin, c’est le jeu qui l’emporte sur les vaines tentatives de la timide intelligence de Samaël.
Musique.
Sur le visage qui le surplombe, et qu’il sonde comme s’il le tenait entre ses mains. Mais le sourire lui échappe, disparaît derrière lui.
Samaël se roidit comme si on avait tiré sur le fil qui tient sa tête. La colonne vertébrale se tend et sur la peau blême de son dos courent des frissons. La serviette les rattrape. Samaël ferme les yeux. La douceur des gestes a raison de lui. Ses muscles ses relâchent, son échine ploie vers l’avant, même la nuque capitule.
Et de voir, derrière ses paupières closes, les jolies robes défiler, les bouches roses plus roses encore d’avoir embrassé une glace à la fraise, le fait sourire. Parmi elles, une tête blonde. Les cheveux plus courts… Ce n’est pas une fille. Mais sa bouche est rose, aussi.

Samaël a l’esquisse d’un rire et se redresse dans un léger sursaut.
Sensibles aisselles.
Ça ne fait que passer, ce brin de folie. Car l’application du jeune homme, l’impudeur de ses gestes, sème un trouble chez le danseur. Mais un de ces troubles entre les mains duquel il fait bon sombrer. Sait-il seulement ce qu’il fait ? Ce qu’il fait vraiment ? Et ce qu’il veut. Ce que Samaël se prend à désirer, le désire-t-il aussi ?
Ou alors c’est qu’il est ce marin dont il parle. Qui va et qui vient au rythme des vagues.
D’une caresse camouflée, enveloppée, le garçon est venu à lui, d’un rire il repart.

Obéissant, le danseur entreprend de se lever. Ce faisant, il précise :

« Je ne parle pas l’italien. »

Puisqu’il a offert, Samaël se retourne, s’appuie sur le rebord du bain mais, se hissant sur ses jambes, attrape d’une main le bras du garçon, pose l’autre sur sa taille, la lui prend.
Il s’est relevé tout près, tout près de l’autre, et c’est lui qui surplombe, désormais, un peu. Il ne relâche pas sa poigne et répond aux yeux qui osent lui sourire en les fixant attentivement.

« J'aime aider. Alors alors ? Tu as deviné ?
- Oui. »

Samaël libère le bras, ses doigts se glissent dans le dos du garçon, pianotent doucement le long de son t-shirt jusqu’à trouver l’écouteur, qu’ils saisissent et portent à l’oreille du danseur. Qui aussitôt sourit, amusé de ne pas avoir deviner. De ne pas avoir chercher à le faire. De ne pas avoir pu, en vérité, car trop distrait. Mais la réponse était évidente. Et c’est de ça, peut-être aussi, qu’il sourit si franchement. Car oui, bien que le danseur ait menti, son sourire, lui, dit tout.
Tenant la taille du jeune homme, Samaël lui prend alors aussi la main et l’élève légèrement. Davantage, il se presse contre lui, appuie sa joue contre sa tête. Lentement, il marque de petits pas sur le rideau, lentement, les hanches doucement dansantes, entraîne le raconteur d’histoires à tourner. Dans la baignoire, à danser.
Le temps que le marin se perde dans le rêve, jusqu’au silence.

Samaël libère son partenaire. L’écouteur tombe de son oreille.
Il enjambe aussitôt le bord de la baignoire, attrape la serviette et l’enroule autour de sa taille, il se poste devant la glace un moment, dégage se frange collée sur son front, puis tourne la tête vers lui…

« Faudra que tu reviennes. Pour le rideau. »

Pour moi. Faudra que tu reviennes pour moi.

« C’est quoi ton nom ? »

Que je te le prenne.
Mal fixée sur ses hanches, la serviette se desserre. Samaël la laisse tomber à ses pieds, fait volte-face et sort de la salle de bain.

« Tu m’as vu danser ? »

Il en doute fortement, mais demande quand même, parce qu’à défaut de pouvoir danser, là maintenant, il peut toujours en parler. De nouveau dans la pièce principale de la loge, il attrape un caleçon propre, qui en a du moins l’air, et l’enfile. Du reste… Faudra voir selon la suite.
Il tire son portable de la poche d’un pantalon abandonné plus tôt.
La suite pourrait effectivement aller dans plus d’une direction, Samaël le constate en parcourant rapidement ses messages textes. Cela fait, le portable lui tombe des mains.
Car tous ces autres hypothétiques ne sauraient se mesurer lui.
Lui. L’autre.


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MessageSujet: Re: Love like this [pv. Samaël]  Love like this [pv. Samaël] EmptyMer 13 Jan - 20:31



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Il a deviné, oui. Mais ne dit pas le nom, non. Il préfère se lever, le beau danseur. Lui saisir la hanche et lui serrer le cœur d’un regard qui se veut tout rouge, tout doux, tout attentif sur sa crinière dorée. Alors Basile remarque à quel point il est grand – mais il triche aussi, il a le rebord de céramique pour le surélever et lui se traine à terre depuis trop longtemps pour remarquer qu’il avance toujours un peu courbé. Il se perd dans ces yeux fous où l’autre chose se dévoile à peine, peut-être un simple frémissement de vent sur un thé. Basile entrouvre les lèvres de lui demander, en riant encore – toujours – la réponse à la devinette. Mais Lamoureux l’interrompt d’une caresse dans son dos, à la recherche d’un écouteur qui déjà les rassemble. Et les violons, les beaux violons qui tournent lui font bouger la tête, indolent. Tandis que son front croise sa joue, et inversement.

« Danseur, joli danseur… »
Chuchote-t-il prévenant. Mais le rebord de porcelaine les sépare encore – et peut-être cela sera ainsi, toujours. Lui penché en avant vers cette âme qui le veut mais lui échappe. Et l’autre de le surplomber, de l’écraser presque, de l’entrainer dans un rythme qu’il ne maitrise pas. C’est maladroitement que Basile bascule les hanches, d’une vague à l’autre, porté par le navire dont il ne sait être le marin. Quand Lamoureux n’est pas la femme mais l’indomptable océan.

Jusqu’à ce que la berceuse s’arrête. Alors le danseur se détache, et le relâche. Basile a l’impression de s’échouer à terre. Baissant les yeux, il remarque la poussière dorée qui s’évase à son pantalon – c’est qu’il est tard, et une fois encore, malgré le corps encore humide de sa tentation, il se dessèche et appelle à l’eau bienfaitrice. Mais entre ses paupières, le trouble subsiste, d’un appel. Un vague murmure qui étouffe les paroles du canadien et le fige au silence.

Enfin. Seulement quelques instants.

« Tu as eu de la chance. J’aurais pu te marcher sur les pieds. La valse, le tango, le pas tranquille et les slows, on a bien essayé de m’apprendre, mais je n’ai jamais su retenir les danses. A croire que je ne suis fait que pour regarder les autres s’envoler. Ce n’est pas grave, j’aime bien. Ce genre de vie par procuration. »


Tout sérieux le Djinn, tout sensible dans ce regard bleu posé au rideau de douche. Il ne veut pas le savoir et se penche, le détache des parois humides de la baignoire. Le plie pour le poser sur le rebord, en bataillant contre les plis qui veulent se souder à ses mains. Sans remarquer le corps de nouveau dénudé de Lamoureux qui sort de la salle-de-bain, retrouve un caleçon et se protège peut-être, lui refusant sa fragilité.

Comme le loup et ses souhaits. Et les mines outragées des pudiques qui ne veulent rien voir de ce qui est vrai. Lèche les photos parfaites des magazines, des hommes et des femmes de papiers, sous de faux regard pervers. Loin, si loin de la vie réelle.

Puis le rideau fait, c’est à la serviette. Puis à la serviette, c’est le miroir qui lui succède. Basile le nettoie, range les flacons. Se frotte les mains, soupire, et se présente enfin.

« Basile. »
Le nom n’a pas d’importance et le prénom sonne un peu faux. Pourtant il l’aime bien, il y est même attaché.

« Le rideau, je ne pourrais rien faire. Tu sais, je sais nettoyer, mais je ne sais pas réparer. Mais j’appellerai le vigile et il fera remonter cela, ne t’inquiète. Tout redeviendra vite comme tout l’était auparavant. Il ne manquera que ton nom sur la porte, Lamoureux. »


Un nom pour un prénom. Cela semble soudain égal. Puisque le garçon, de nouveau distant, observe son portable et semble en être tout concerné, Basile vient se glisser dans son dos, encore. Il a aimé le rire amusé de ses chatouillis, et glisse son doigts le long des côtes xylophones, en susurrant :

« Et de une et de deux et de trois… »


Avant de papillonner des yeux quand il lâche son portable et lui fait face, sous la ballade d'une chanson qui a encore changé. Mais l'écouteur pend, et Basile le délaisse, pauvre objet. Il préfère murmurer, effronté.

« Finalement, de te voir danser, ce n’est pas ce que je suis entrain de faire ? »
Comme tout cela l’amuse et le distrait, l’homme de ménage discret qui, torchon en poche et bleu aux fesses, met ses mains dans son dos, sagement, relève le menton, penche un peu la tête, et continue, faussement charmeur. « On rejoue à deviner ? Ou je peux m’en aller. Tout est propre ici, ou à peu près. Et je suis un peu fatigué tu sais. C’est qu’il est tard, et je ne devais pas traîner. Mais ta porte m’a appelé, entrouverte qu’elle était. En somme, c’est bien un peu de ta faute, tu ne viendras pas me le reprocher. Hm ? »

Essaye un peu diable. Que je te prenne aux cornes, que je te frotte le nez au miens, et que je t’embrasse de salive d’eau bénite et de sourire tout argenté.




Samaël Lamoureux
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MessageSujet: Re: Love like this [pv. Samaël]  Love like this [pv. Samaël] EmptyMer 13 Jan - 20:51



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Le petit homme d’entretien est impressionnable. Et ne sait pas danser. C’est mieux. Samaël le préfère ainsi, juge-t-il. Car il a déjà fréquenté des danseurs, des danseuses… Toujours, même en disant qu’ils éviteraient, la comparaison finissait par les placer l’un devant l’autre, inévitable plus encore qu’avec celui qui ne saurait danser. Plus envieuse.
Comparer l’outil. Bien qu’il n’y puisse rien, le danseur, d’être fait comme il l’est. Il n’y peut rien s’il savait avant même d’apprendre. Il est ce qu’il est, le diable, le danseur. Autre. Supérieur. Dans son corps, dans sa danse. Samaël Lamoureux.

Il l’entend nettoyer, dans la salle de bain, tandis qu’il a les yeux baissés sur l’écran couché dans sa paume.

« Basile. »

Distraitement, Samaël répète.

« Basile. »

Le prénom est difficile à lui accoler vraiment, solidement. Comme si son visage disait autre chose. Et pourtant non… Il est bien, ce prénom, pour lui. Basile. Basile. Basile…

« Basile ? »

Qui s’est rapproché, derrière lui. Samaël le sent et tourne légèrement la tête. Des doigts jouent sur ses côtes. Lui frissonne et sourit. Sensible, sensible, le danseur à fleur de tous ses sens. Avec cet autre qui plus est qui s’amuse de ne pas savoir ce que ses jeux éveillent. Ou qui ne le sait réellement pas. Mais comment pourrait-il ?
Garçon impossible.

« Finalement, de te voir danser, ce n’est pas ce que je suis entrain de faire ? »

Samaël fronce les sourcils et secoue doucement la tête en inclinant la nuque.
Basile mélange tout. Basile ne comprend pas. C’est qu’il n’a pas vu, la danse, la vraie, la sienne.
À ses pieds…
Samaël plisse les paupières.
À ses pieds… À leurs pieds… On croirait… De la poussière dorée, un peu de désert.
Marchand de sable, peut-être, il est venu l’endormir.

« On rejoue à deviner ? Ou je peux m’en aller. Tout est propre ici, ou à peu près. Et je suis un peu fatigué tu sais. C’est qu’il est tard, et je ne devais pas trainer. Mais ta porte m’a appelé, entrouverte qu’elle était. En somme, c’est bien un peu de ta faute, tu ne viendras pas me le reprocher. Hm ? »

Garçon sans cœur.
C’est ce qu’il est, en vérité, sous ses airs de chérubin.
Samaël fait un pas de plus, petit, suffisant, pour venir l’effleurer, de son torse, de ses doigts, de son souffle…

« Tu t’es invité tout seul, Basile. »

Samaël lève les yeux, le regarde, tend ses doigts qui se frottent aux siens, les enlacent.

« On ne joue plus à deviner. Mais tu devrais traîner ici et te perdre dans mon désordre. »

Il le prendrait bien dans son désordre, oui. Habite-le mon désordre, sourit Samaël. Égare-toi dans mes draps que je t’y retrouve par hasard, ou pas. Pas par hasard. Caresse mon reflet, celui de la glace, dis-lui qu’il est beau, embrasse-le.

« Tu veux partir ? Moi je voulais danser pour toi. Mais comme tu es fatigué, je ne danserai pas. »

Il prend la main de Basile, la couche de dos dans sa paume et l’élève jusqu’à son visage. De son index gauche, il dessine des cercles, mélange les lignes, vie, cœur… Samaël cherche. Du sable, qu’il veut.

« Je ne danserai pas… » Insiste-t-il à mi-voix, les yeux rivés à la paume de Basile, les esprits étourdis.  « Alors si tu veux partir, part. »

Toi qui ne m’as pas dit que tu reviendrais. Va, repart avec tes caresses et tes sourires, repart avec ton italien et tes histoires.
Samaël laisse la main retomber et glisse la sienne dans ses cheveux en redressant la tête, regardant ailleurs, ailleurs peu importe où.

« Samaël. » avoue-t-il en revenant à Basile, timide chagrin au fond des yeux. Tristesse gamine, déception de petit roi.
Tu m’aimes pas.
C’est plus fort que lui.
« Si tu pars, pars au moins avec ça. »

Un prénom.

Et au diable de déchirer les murs de sa cage, des chairs faire des lambeaux. Qu’on le laisse sortir ! Par pitié, qu’on lui accorde ses doigts meurtriers autour de ce cou si fin…




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MessageSujet: Re: Love like this [pv. Samaël]  Love like this [pv. Samaël] EmptyMer 13 Jan - 20:53



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Tout proche le danseur, à se décalquer sur sa peau s’il ose le saisir, le plaquer contre lui et ça s'emboîterait si bien, ces formes noueuses contre les siennes si maigres. Basile baisse la tête de regarder ces doigts qui le caressent et aime leur contact, malgré le tissu de son tee-shirt. C’est qu’il faut chaud ici, si chaud et un peu humide, que du coin de l’œil il remarque la buée de la douche qui a envahit les bords du miroir. Leurs reflets semblent plonger dans la brume, et il aime cette idée, la pointe du menton à Lamoureux pour lui changer les idées, s’il peut.

« Regarde comme on est beaux. »

Basile ne connait pas la fausse modestie. Et ceux qui le croiraient orgueilleux ignorent seulement que le magicien s’aime. S’aime comme il aime les autres. S’aime comme il aime le monde. D’une simplicité sage de l’enfant qui apprécie ce qu’il possède sans vouloir le changer. Regarde son jouet se détériorer dans le temps de l’utilité, se briser de coups et de contacts, jusqu’à s’éteindre lui-même. Un jour, le monde disparaitra.

Recouvert dans le sable.

Et si l’idée le fait frissonner, ce n’est pas de crainte.

« Je me perds ici, je me perds dans tes miroirs. Je me perds un peu dans tes yeux et toi tu m’évites. Tu ne me fixes pas longtemps. Tu vois, je te vois. Tout se voit Lamoureux. J’aime tes statuettes en bois, et la pomme de pin là-bas, mais moins les photos de tes articles, même si ton corps est parfait et semble s’envoler. Je te préfère ici sur terre avec moi. Dis-moi, Lamoureux ? »


Ses mains remontent à ses épaules. Et il se dresse, Basile. S’essaye à des pointes de danseuse en prenant appui sur lui, pour les quelques centimètres qui lui manquent. Ne le laisse pas reculer, ni lui échapper de ce mouvement de tête indolent qu’il a pour rejeter ses cheveux en arrière à l’aide de ses doigts. Il lui sourit, et chuchote.

« Dans l’histoire de cette femme, qui était un cygne. Pourquoi ils t’ont donné le rôle du prince ? Le cygne noir, ça irait avec tes cheveux. Et tu es aussi joli que ces filles. Quand je les vois en ballerines qui font leurs petits pas maîtrisés, sur des lignes d’accord comme autant des notes sur des partitions, il me semble voir défiler une autre armée. Des petits soldats de porcelaine, des poupées maniées par des mains invisibles. Toi, ça serait différent si tu danses pour moi ? Toi, tu serais sauvage comme le désert ? »


Les mots lui échappent, et il se trouble Basile. Semble trouver entre le pouce et l’index le fil ténu de sa recherche. Mais la corde se perd dans le noir et d’avoir mis sa conscience sur ses propos, le rêve lui échappe dans des brumes obscures. Oui. Comme sur le miroir.

« Ne te trompe pas non. Tu danses déjà. Pour moi. Là. »
Sa main glisse à son front. Et au-dessus de ses sourcils, sur la scène de son front, il y dessine des arabesques à lui coller des grains de sable à la sueur. Cet épiderme est tendre comme du cuir velouté. Basile a envie d’y poser les lèvres, brusquement.

Alors à défaut, et tout aussi tristement que lui, il se recule enfin. Bras ballants et un peu bête. Tête de côté et oreille tendue à l’écho qui se veut silence.

« Tu disais ? »


Lui. Il disait lui. Tout simplement.

« Samaël ? »


L’esquisse du sourire, comme une vague, revient et s’échoue sur son sable. Ce dernier se déverse encore à ses pieds et dans la pièce, le sucre de l’érable et l’encens de son corps se mélangent et font l’amour.

« Ne crois pas que ça soit un au revoir. Allons, agite ta main. Comme ça. »
Il vient la balancer dans l’onde, plie et déplie les doigts. A bientôt à bientôt. A la revoyure, partenaire. A très vite, ma promesse. A tout de suite, le diable.

« Si ça se trouve c’est toi la prochaine fois, qui viendra m’attraper. Et moi, je serais tout surpris. J’ouvrirais grand les yeux de te voir me saisir. Et je rirais, je rirais de joie car je t’aime bien, danseur tourmenté. Lamoureux. Sam. »


Le surnom est acquit. Le départ aussi. Basile se détourne, retire le mp3 toujours chantant, vient le poser sur la couchette et va mettre la main à la porte. Patient et tranquille. Djinn immuable dans son excentricité.

A la fois penseur et résigné au tout, mais surtout au bonheur.





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MessageSujet: Re: Love like this [pv. Samaël]  Love like this [pv. Samaël] EmptyMer 13 Jan - 21:00



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Lui fait un pas derrière et l’autre avance.
Sans relâche, Basile vient à lui, le repousse en des racoins de sa tête embrumée qu’il s’efforce habituellement d’éviter.
Samaël n’a pas l’habitude de reculer et craint trébucher. Surtout maintenant qu’il réalise que Basile voit tout. Son désordre et ce dont il est fait.
Tandis que le curieux énumère, le danseur regarde : statuettes, pomme de pin, photos. Et rougit timidement, à la cime des pommettes.

Il le sent se hisser sur le bout des pieds, ce gamin, mais détourne les yeux, l’évite, comme il le sait si bien. Mais au final il n’y résiste pas. L’instinct triomphe et Samaël plaque ses paumes sur la taille de Basile. Si fin. Maigre. Mais bel et bien de chair.
Petite ballerine, te voilà entre de bonnes mains.
Samaël le soutient sans trop insister ni forcer. Il l’assiste, simplement, que ses pointes ridicules le soient un peu moins.
Puis le voilà qui ramène le désert. Le danseur sourcille. Avec ses cheveux blonds, sa voix douce, son corps si fin, il pourrait être le prince de quelques sables lointains. Le Petit prince d’un désert. Pourquoi pas le sien, à Samaël, le sien de désert sur lequel il danserait sans relâche sous le regard-projecteur d’une lune éternelle.
Il sourit de l’idée, mais aussi de la question posée. Pourtant Basile vacille, la ballerine s’est envolée, c’était dans son regard, un instant… Alors Samaël le dépose, le raccompagne doucement sur la terre ferme et tente de le raccrocher à eux avec ses mots.

« Évidemment. Évidemment que ce serait différent. Je ne suis pas un soldat de porcelaine ni une poupée maniée par qui que ce soit. La chorégraphie n’est qu’un prétexte, une partition à interpréter. Sur les planches, je suis libre, moi. »

À lui de juger de sa sauvagerie, lorsqu’il verrait.
Mais tout ceci n’est pas une danse, s’obstine en pensée Samaël. Basile n’en démord pas et du bout de ses doigts sème quelques mauvaises et bonnes idées sur le front du danseur qui, cette fois, ne détourne pas les yeux. Cette fois, qui observe l’autre l’observer.
Désirer l’embrasser.
Ne pas le faire.
Reculer.
Ne pas l’écouter.

« Samaël.
- Samaël ? »

Ça y est, il lui échappe. Ça y est, se répète Samaël qui voit se glisser sous la porte une pesante solitude. Ça y est, ça y est, le diable va s’emporter, le maudire de n’être rien, sans lui, sans sa danse.
Sa danse.

« Ne crois pas que ça soit un au revoir. Allons, agite ta main. Comme ça. »

Samaël le regarde le saluer sans obéir. Renfrogné. Obstiné. Il cligne des paupières, seul dans son silence, nu dans son caleçon, absent dans ses idées. Ses yeux finissent par se détourner. Basile a raison, il l’évite.
Pour ne pas qu’il voit la lueur briller dans ses pupilles, ce petit feu d’outre-monde. Cet appétit brûlant du diable qui l’habite et qui finit toujours par l’emporter.

« Si ça se trouve c’est toi la prochaine fois, qui viendra m’attraper. Et moi, je serais tout surpris. J’ouvrirais grand les yeux de te voir me saisir. Et je rirais, je rirais de joie car je t’aime bien, danseur tourmenté. Lamoureux. Sam. »

Sam entrouvre les lèvres, s’apprête à rouspéter. Objecter qu’il n’est pas tourmenté. Mais il s’en garde, doit même s’en mordre la lèvre. De n’être que « bien » aimé.
Il marche tout de même derrière l’autre qui l’abandonne, traîne ses pas, plutôt, et attrape le mp3 retiré. Il laisse Basile ouvrir la porte. Alors seulement, le danseur pose sa main sur le ventre du jeune homme et agrippe sans conviction son t-shirt.

« T’oublies ça. »

Petite boîte à musique. Il la lui glisse dans la main puis le pousse gentiment dans le couloir avant de refermer d’un coup derrière lui.

Adossé contre la porte close, comme si elle menaçait s’ouvrir, il attend. Attend de le sentir plus loin.
Paupières closes, le souffle court, pour rien. Enfin, si peu. Qu’un garçon. Tout ça pour lui.
C’te folie.
C’te folie de lui avoir confié sa musique. La bande sonore de sa vie.

Au bout d’un moment, Samaël consent finalement à lâcher prise et se sert de la porte pour se donner un élan, se repousser dans son désordre trop ordonné.
Dans le silence de ses pas, de son cœur qui bat, il déplie le linge plié, le laisse choir par terre. Il renverse les figurines redressées sur la coiffeuse, étale les amas de vêtements avec ses pieds, refait son désordre et, une fois satisfait, se couche sur le canapé à demie enseveli, parmi chandails, pantalons, bas, collants, serviettes et autres, Samaël se recroqueville face au dossier, poings fermés contre sa bouche, et s’endort, épuisé.




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Love like this [pv. Samaël]

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