Les légendes existent. Sont réelles. Qu'elles cherchent à s'intégrer ou à nous supplanter, elles sont avec nous. Contre nous. Parmi nous.
 
Le Deal du moment :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur ...
Voir le deal
600 €

Partagez

Un magicien dans le sable

Basile Samson
Basile Samson
Messages : 15
Date d'inscription : 21/12/2015
Localisation : En vadrouille
MessageSujet: Un magicien dans le sable  Un magicien dans le sable EmptyLun 21 Déc - 0:56



Basile Selbas Samson

Citation qui roxe son poney






Physique

▲ On le trouve dans les coulisses, silhouette effacée, toujours penché sur sa persillère, son casque d’or lui couvrant le visage, épaules ployées et yeux baissés. A le voir, on lui donne vingt ans sans vraiment se prononcer et quelque chose dans son sourire, dans la manière dont il fronce les sourcils, semble le rajeunir à chaque coup d’œil. Pourtant, dans ses yeux bleus, son âge se trahit et l’ancienneté subsiste. C’est un mouvement de tête, une phrase, un geste de la main qui vous assure qu’il n’a rien d’un enfant, malgré sa curiosité. Et vous vous retrouvez à discuter avec l’homme de ménage, celui qu’on oublie, celui qu’on ignore, celui qu’on méprise un peu parce qu’il est con, parce qu’il a pas réussi, parce qu’il fait un job de merde et que bordel moi j’oserais tellement pas torcher les sols comme lui le fait chaque jour.

▲ Il est un peu mince, même gringalet, un coup de vent pourrait le souffler et l’emporter. Sa coupe de cheveux est assez ringarde avec ce carré trop long même plus porté par les gonzesses en 2015. Et c’est vrai qu’il a quelque chose de délicat, même de carrément maniéré, quand il tapote ses lèvres du bout des doigts, quand il hausse une épaule ou quand il rit. Il a les lèvres fines, la peau pâle et pure, on cherche ses grains de beauté sans lui en trouver et on se fâche des vêtements qu’il porte parce que franchement, qui à notre époque porte encore le pantalon à pince élimé et la chemise de grand-père. Il fait peut-être les puces, ou s’habille chez Walmart, ou alors il n’a jamais ouvert un livre de mode. En tout cas, on est à un hasard près de le voir porter des bretelles et c’est franchement craignos de le voir enfiler le tee-shirt de sa compagnie, quand il n’oublie pas de le porter, car l’ensemble est assez pathétique.

▲ On ne lui trouve pas de cicatrices, pas de marques, pas de tâches de naissance. Il a parfois des tâches de poussière aux joues et les mains sales mais il dégage une odeur un peu épicée, pas franchement désagréable mais qui envahit toujours la pièce quand il entre. Ca en devient étouffant, comme un encens placé trop près du nez, et on a tendance à aérer les fenêtres.

▲ Aussitôt on prend conscience de la poussière qui semble lui coller à la peau, qui n’est pas noire mais bien dorée. Comme si ses semelles étaient gonflées de sable et qu’il en laissait à chaque pas, maladroitement, inconsciemment. On peste, on s’étonne, on commente à peine. Et il est là, toujours à en rire, à ne rien remarquer, les mains enfoncées dans les poches et les mèches devant les yeux. Joli garçon, pas du genre attirant, pas clairement beau, pas franchement moche. Juste un peu trop différent, un peu trop naïf et un peu trop éthéré pour vous attirer.

▲ Et surtout clairement pas viril, car aucune tablette de chocolat n’ondule sous son maillot de corps, qu’il souffle un peu trop fort dès qu’il faut porter un sceau d’eau et que la moindre taloche à l’arrière du crâne pourrait lui décoller la tête. Alors on en prend soin, on évite de le froisser, parce qu’on se dit que peut-être il est du genre à avoir de ces colères monumentales qui vous surprennent – ou alors il va se mettre à pleurer.

▲ Mais non, au ciel de son regard les nuages se font rares. Et Basile porte sur lui l’amabilité caractéristique de son mental. Il a un air sympathique.

Pourtant, on l’oublie vite.

Qui suis-je ?
▲ Millénaires
▲ Incongrus
▲ Esprit du sable
▲ Manipule le sable, exauce les voeux.
▲ Arabe

Caractère
▲ Basile, c’est ce garçon de vingt ans au regard sans âge, qui avance d’une démarche un peu dansante, trop gracieuse, mais la tête toujours tournée en tous sens pour attraper ce qui l’amuse, le perturbe, l’agresse ou le fascine. C’est ce jeune homme tout blond aux murmures délicats, aux paroles parfois profondes, aux questions enfantines et qui ne perd jamais patience. Tout du moins, on pourrait le jurer.

Calme, presque affable, il observe et se plie à son quotidien comme il l’a toujours fait, parfois avec un sourire, parfois avec un léger froncement de sourcil. Il ne s’énerve pas, n’élève pas la voix – à quoi bon ? – et s’il relève quelque chose qui lui déplaît, il ne tempêtera pas et ne perdra pas son temps à tout modifier, préférant se glisser de côté, attendre son tour, s’effacer plutôt que de protester.

Mais sa curiosité est insatiable. Il est incapable de résister à ce que le monde lui propose, et que propose-t-il de plus riche que les humains ? Ils sont capables de bien plus de réflexions que les animaux, de bien plus de créations que les dieux eux-mêmes. Ils sont remplis d’idées et ce sont les idées qui manquent à Selbas. La mémoire. L’identité.

Il a pourtant soif de tout, et notamment de connaitre les humains. Des vieux, des jeunes, des beaux, des laids, de toute nationalité, de toute origine, de toute religion. Chacun d’entre eux, comme des diamants roulant entre les pierres, soigneront les doutes et les questions qu’il ne cessera jamais de se poser.

Basile est celui qui gravira la montagne à en perdre l’oxygène, qui roulera plus bas que terre pour mieux se relever. Celui qui est certain d’une chose : dans ce monde plein de contradictions, le bien est partout. Chacun d’entre nous ne peut en disposer comme bon lui semble. Mais le bien peut se cacher en n’importe qui. En cela il est un éternel enfant, un fils d’attristé.

Capable de s’émerveiller sur chaque lumière que l’obscurité daignera lui céder. Il cherchera à connaitre la vie de ceux que qu’il croisera, pour apprendre l’origine de ces existences qui lui échappent. Il sera toujours celui qui rit d’un rien, qui pose des questions stupides, qui fait des tresses aux personnes qui ont de l’importance. L’imbécile. L’enjoué. Le différent.

Journal intime :

Autrefois, quand Basile a pris conscience de son état de monstre et de son immortalité, il a eu très peur de ce qu’il représentait et de cela évoquait chez ceux qui découvraient son état. Il s’est longtemps caché pour ne pas être attaqué, agressé ou manipulé. Aujourd’hui c’est la curiosité qui l’emporte et il compte sur le B.I.I de Toronto de l’aider à trouver des réponses sur qui il est et sur ce qu’il cherche. Il ne se considère pas comme quelqu’un de dangereux, veut simplement qu’on le laisse tranquille et qu’on accepte cette identité qu’il ne maîtrise pas encore très bien. Une chose est sure, son pouvoir lui permettant d’exaucer les vœux le met particulièrement en joie. Loin d’être le Djinn manipulateur dont les souhaits ont toujours des critères et/ou un prix, Basile aime faire plaisir.

Depuis son départ d’Arabie, Basile s’est confronté à l’humanité par ses nombreux voyages et ses métiers. Ayant participé à la première guerre mondiale comme aux manifestations contre l’armement nucléaire aux Etats-Unis en 1958, il a vécu la ségrégation raciale tout comme la reconnaissance du droit de vote aux femmes, le droit à l’avortement comme les avancées technologiques, la guerre froide comme le mouvement peace and love, les discours de Martin Luther King et la montée au pouvoir d’Hitler. Si son amnésie concerne son passé, il garde une trace de l’évolution constante de l’être humain dans la tolérance, l’acceptation de l’autre et l’entraide. Presque naïf, il ne comprend quand même pas le besoin de possession et la capitalisation des sociétés, poussant à la surconsommation, au gaspillage et au pouvoir de l’argent. Mais il a foi en l’être humain, malgré les chasses qu’il a pu vivre à la découverte de ses pouvoirs. Et aime à être le témoin intemporel de toutes ces améliorations. Et il est fasciné par Internet.

Grâce à son travail, Selbas peut visiter des sociétés comme des musées, et ces changements quotidiens au niveau de son planning l’enthousiasment énormément. Les horaires ne sont pas faciles mais Basile est du genre à dormir peu, même si l’un de ses plaisirs est de traîner, somnoler dans sa baignoire pendant de longues après-midi. Il aime à changer ses habitudes, aime se perdre dans les rues, découvrir de nouveaux lieux et apprendre de nouvelles choses. Il se place donc volontairement en situation de changement pour ne pas avoir à vivre le même quotidien éternel.

Basile se trouve bon dans :
- Le reprisage des chaussettes
- Le nettoyage des vitres – parce qu’il faut utiliser une certaine dose de produit, sinon ça graisse, ça laisse des traces et aux premiers rayons du soleil les marques se voient comme le nez au milieu de la figure.
- L’écoute. Tous ses collègues le disent : Basile est le plus patient et le plus aimable quand il faut trouver une oreille sage à qui se confier ou à qui demander des conseils.

Basile se trouve nul dans :
- La cuisine – il met souvent le feu aux choses
- La lecture – il est légèrement dyslexique.
- Prendre soin d’un animal – pas qu’il les maltraite, il en fait trop. Beaucoup trop.

Intégration du B.I.I.: Basile s’est tout d’abord déplacé grâce à des faux papiers avant de prendre une « vraie identité » au Canada et à Toronto. Son immortalité l’empêche néanmoins de garder le même nom de famille mais ses déplacements réguliers entre lui permettaient avant de se faufiler dans les failles d’un système qu’il commençait à bien connaitre. Si autrefois il a été charbonnier, manutentionnaire, magicien, saisonnier, blanchisseur, Basile s’est trouvé une place comme homme de ménage depuis ces vingt dernières années. Éternel garçon de vingt ans, obéissant et discret, il s’est trouvé une place chez des particuliers avant de se faire engager au Mall America du Minnesota en 1995. Déménageant régulièrement, il a vivoté dans l’entretien avant de déménager à Toronto, il y a 2 ans. Il travaille désormais pour la compagnie Clean and Fresh, société de nettoyage assimilée aux grandes sociétés, banques, entreprises mais aussi aux lieux publics tels que les musées et le conservatoire.


Votre histoire

Un jour parmi les jours de Dieu, les hommes et les femmes s’en allèrent peupler le désert. Ils amenèrent avec eux le bétail et la marmaille, et les derniers emmènent les premiers paître sur les pâturages que la sécheresse délaissait. Une chèvre se trouvait là, broutant son herbe, s’éloignant vers les dunes, le ventre plein et les mamelles gonflées de lait. Une goutte tomba sur le sable, et avant qu’elle ne s’évapore, un esprit en était né.

Il apparu au milieu des humains, la peau blanche et la crinière dorée, si différent des hommes et des femmes à la peau basanée que ces derniers s’en méfièrent et voulurent le repousser. Mais l’esprit était serein et les enfants, confiants, s’en vinrent jouer avec lui. Avant la fin du jour, la magie de l’esprit leur avait apporté des dattes, du miel, du pain et du lait comme rarement ils en avaient bu et goûté. Rassurés, ils emmènent l’esprit sous leurs toiles et le nommèrent Selbas.

Selbas était bon, mais Selbas était jeune.

Il ne comprenait pas la mort, la douleur et le désespoir. Il ne pouvait expliquer la jalousie, la concupiscence et l’envie. Un matin, des tribus ennemies vinrent attaquer son peuple et le Djinn vit les hommes s’empoigner entre eux, prendre les femmes, battre les enfants et remplir des pleins paniers de biens qu’ils emportèrent avant la nuit tombée. Fâché de ces combats qui semblaient être le quotidien de son peuple, il dit :

« Je vais construire une cité que ma magie protégera. Et au sein d’elle, vous serez protégés, invisibles aux yeux du monde et de vos ennemis. »

Alors le sable s’éleva, et ainsi que le Djinn l’avait ordonné, la Cité apparue, toute de pierre et d’argile, aux maisons solides et aux portes de toiles, surplombée d’une tour que l’esprit s’en vint posséder. La Cité se rendit invisible aux voyageurs et aux tribus alentours. Longtemps on la chercha sans la trouver. Longtemps on voulut y entrer. Mais seuls les fils et seules les filles des premiers hommes et des premières femmes du peuple de Selbas purent y vivre et prospérer.

Les siècles passèrent dans la mortalité des Hommes mais l’esprit était là, caché dans sa tour, veillant au bien-être de ceux qui le nommaient Djinn ou Prince. Il calmait les tempêtes, découvrait les oasis et amenait jusqu’à eux les bêtes et les plantes dont ils devaient se nourrir. Chaque soir, on dansait et chantait pour le Djinn et chaque soir l’esprit s’endormait, souriant d’avoir fait le bien.

Vint à naître une enfant, la plus belle d’entre toutes. Avant de marcher, elle savait danser. Et avant de parler, elle savait chanter. On la nomma Ayesha.

Exquise et intelligente, elle savait raconter les contes comme aucune femme et était brave comme aucun homme. Elle grandit comme une fleur, s’épanouit telle une étoile, et fut la première à entrer dans la tour de la Cité.

Le djinn l’adorait. Elle était pour lui son enfant, il était pour elle son prince, et jamais on ne vit Selbas plus heureux. Mais le Djinn se lamentait.

« Ayesha, tu grandis et tu seras à un autre. »

Mais Ayesha riait et le grondait.

« Je suis à toi comme tu es à la Cité. Et je le resterai. »

Les jours passaient, l’enfant devenait femme, et sa fierté d’être protégée l’empêchait d’être raisonnable. Peu désireuse de suivre les ordres, certaine que le Djinn lui pardonnerait, elle quittait chaque jour la Cité pour découvrir le désert.

Les femmes lui disaient :

« Ayesha, tu es trop intrépide. »
Et Ayesha répondait : « Le fennec l’est aussi, mais il n’est pas jugé. »

Les hommes lui disaient :

« Ayesha, tu n’es pas docile. »
Et Ayesha répondait : « Le dromadaire l’est aussi, mais il n’est pas jugé. »

Les enfants lui disaient :

« Ayesha, tu es trop curieuse. »
Et Ayesha répondait : « L’éléphant l’est aussi, et ne l’a jamais regretté. »

Un jour qu’elle eut 16 ans, Ayesha eut envie de dattes. Et quitta la Cité dès l’aube pour pouvoir en trouver. Arrivée à l’oasis, elle tendit le bras pour en cueillir. Ravie de sa chance, elle se mit à chanter.

Sa voix si pure attira un scorpion endormi sous une pierre. Il était bien plus gros que ses semblables et bien plus beau que ceux de son espèce. Pour cause, il en était le roi, le fils aîné de la belle déesse Hededèt.

Lorsqu’il vit Ayesha, ses pinces claquèrent de plaisir. Et il se dit en lui-même.

« Voilà la douzième qui manquait à mon royaume. » Car le roi scorpion aimait ses femmes humaines et en possédait déjà onze. Vif, il accouru aux pieds de la jeune fille et avant qu’Ayesha ne se retourne, la piqua mortellement au talon.

Aussitôt il emporta son âme sous le sable du désert. Et l’on ne découvrit le corps qu’au crépuscule.

Selbas en devint fou. Hurlant et tempêtant, il déclencha des montées de sable qui manquèrent d’ensevelir sa Cité. Il veilla le corps trois jours et trois nuits sans s’apaiser, repoussant la putréfaction et le temps de sa magie pour mieux la préserver. Au matin du quatrième jour, Selbas se mit à prier.

« Hededèt, ô Hededèt, ton fils a pris ma fille, son venin l’a emporté. Et je ne peux survivre à mon malheur. Que serait l’immortalité sans le rire d’Ayesha. Que seraient mes pouvoirs si je ne peux la protéger. Aie pitié d’un Djinn qui ne croit plus en lui-même. Rends la moi. C’est de ces prières-là que se nourrit l'amour. »

Mais Hededèt ne répondit pas. Et Selbas veilla et pria sans que rien ne puisse changer. Cinq jours puis cinq mois passèrent dans l’indifférence de la Déesse. Mais Ayesha demeurait aussi fraîche qu’à l’instant de sa mort, figée dans une éternelle surprise, le front lisse et la chevelure belle. Trop attelé à la protéger, Selbas en délaissa son peuple. Les arbres furent moins enclins à donner des fruits, l’eau moins pure, le temps plus longs. Les enfants furent malades, certains même moururent. Et un matin, lassé des gémissements des hommes comme de ceux de l’esprit, Hededèt vint paraître aux portes de la Cité.

« J’ai entendu » dit-elle. « Et je te la rends, non pas car tu m’as ému mais bien car tout cela doit cesser. » Et frappant le sol, arrachant l’âme dans le lit où Ayesha se trouvait, elle la souffla au corps qui reprit vie sans souffrance.

Alors Selbas eut un rire. Et les fruits se mirent à pousser, l’eau à croître, claire et froide, les enfants oublièrent leur fièvre et tous se mirent à danser et chanter pour saluer le retour d’Ayesha.

Cependant, Scorpion n’était pas décidé à délaisser sa douzième épouse. Faisant fi du bonheur de Selbas, il s’en vint aux portes de la Cité, accompagné d’une armée de scorpions qui changèrent le désert en amas noir et grouillant.

Sifflant, le Scorpion ordonna :

« Qu’on me rende mon épouse, car le mariage fut consommé et telle est notre loi ! »

Mais Selbas ne répondit pas.

« Alors que l’eau soit nauséabonde et que ton peuple boit l’eau croupie des citernes ! »

Le peuple se lamenta des jours entiers dans la sécheresse grandissante. Mais veillant Ayesha dans sa tour, toujours cloîtrée, Selbas ne broncha pas.

« Alors que la poussière de tes terres se change en poux et en moustiques. »

Et le peuple se tordit des piqûres et des morsures, des maladies que les bêtes apportèrent avec elle. Mais caressant Ayesha dans sa tour, toujours cloîtrée, Selbas ne sembla pas les entendre.

« Alors que le bétail meurt et qu’il n’est plus rien à manger que les racines des broussailles aux portes de ta cité. »

Et le peuple gémit de mourir de faim, griffa la terre à la recherche d’insectes et de plantes pour ne pas trépasser. Mais embrassant Ayesha dans sa tour, toujours cloîtrée, Selbas ne sembla pas les remarquer.

« Alors que ton peuple sorte et que mes scorpions les cueillent comme les fruits trop mûrs à la fin de l’été. »

Et tous furent silencieux, tous piqués, tous tués.

Peinée, désemparée, Ayesha finit par repousser Selbas et se mit à le supplier.

« Ton peuple est mort. Ton peuple s'est plaint. Et pour moi tu t'es refusé à les protéger. »
« Mais tu es ma famille et tu m’as été rendue. Rien n’aurait de sens sans ma jolie Ayesha. »
« Je n’ai pas été maltraitée, je n’ai pas été battue. Le roi scorpion m’a protégé, le roi scorpion m’a aimé. Laisse-moi retourner auprès de lui, et je serais une femme comblée. »
« Mais tu seras loin de moi et ça je ne puis le supporter. »

Lasse de ne pouvoir faire entendre raison au Djinn, Ayesha lui sourit et attendit qu’elle s’endorme. Quand la lune se leva et que la respiration de Selbas fut paisible, la jeune fille bondit hors de la chambre, descendit de la tour, franchit les portes. Et s’en alla rejoindre celui qui l’avait volé.

Au matin, il n’y eu que la complainte de Selbas pour tout chant dans la Cité.

Il errait, l’enfant au désespoir. Incapable de magie et incapable de sourire. Il appelait Ayesha, sans obtenir de réponse, et se tourna vers Hededèt sans lui arracher un souffle de pitié.

« L’immortalité ne me sert à rien. Et je n’ai plus personne à protéger. »

Et Selbas soupira, se rapprochant des murs de sa Cité.

« Ma magie m’est inutile. Plus personne n’est là pour m’aimer. »

Et Selbas tendit la main pour pousser à son tour la porte la Cité.

C’est à cet instant que le sable se souleva, recouvrant ses pieds, cherchant à le retenir.

« Djinn » murmurèrent ses grains. « Djinn tu ne peux t’en aller. Comme tout esprit, ta magie est liée à ta place en ce monde. La Cité n’acceptera jamais d’être délaissée. Si tu pars, toujours immortel, tu ne pourras qu’errer. Et abandonnée, la Cité ne se laissera jamais être retrouvée. »
« Que me vaut l’errance face à l’absence d’Ayesha. »
« Djinn » geignit le désert. « Le monde des humains est obscur. Garde donc ta magie ou tes pouvoirs te seront retirés. Tu connaîtras la peine et le malheur, la malchance et les larmes. »
« Que me vaut la souffrance puisqu’elle m’est déjà familière. Allons, laisse-moi. Je m’en vais. »

Alors Selbas franchit le seuil.

« Paye ton dû d’infidèle ! »

Et hurla quand sa magie lui fut brusquement arrachée. La Cité l’emporta avec elle dans ses derniers débris de femme outragée. La douleur fut si forte que Selbas s’évanouit, et sa mémoire avec lui.

A son réveil, il était seul dans le sable.

A son réveil, il était seul chez les Hommes.


~


On le ramasse dans une caravane et on lui sert un thé à la menthe sucré. On parle arabe autour de lui et c’est une langue qu’il connait. Il sourit. Il ne connait pas son nom mais sait qu’il est différent des autres puisque ces derniers fixent sa peau et ses yeux en maugréant. Il ne s’y fit pas, il reste simple. Il se demande où on l’emmène.

Il se demande qui il est.

On le croise en France, quelques années plus tard, dans un pardessus rapiécé, le visage tourné vers un homme qui lui parle en français. Il apprend peu à peu la langue mais a du mal à en saisir les nuances. Il a beaucoup plus de difficulté à lire qu’à écrire. A son arrivée, il a donné un prénom prêté par les arabes. Mais Bazile est trop exotique on s’empresse de le corriger.

Ca sera Basile.


~

Basile ira ensuite en Italie, avant de rejoindre l’Allemagne. La première guerre le happe sans qu’il ne puisse y échapper. Il se voulait couturier, voilà qu’on le fait soldat. Mains sur l’arme il ne tire pas mais voit ses pairs mourir. En face en hurle en français, les amis sont devenus ennemis. Il pense au poète et à son livre. Au matin il a déserté. On le pensera mort.

Une photo en 1950 le trouve à Madrid. Basile Alonso n’est qu’une tâche parmi d’autres espagnols occupés à faire leur marché. La dictature de Franco ne lui réussira pas.

En 1951, il est parmi les survivants du grand incendie de Genève. Basile Ferenbach disparaît la même année.

Mais la douane New-Yorkaise enregistre la présence d’un Basile Dubois, d’origine française, qui franchit les contrôles sanitaires et obtient un visa d’un an. Il donnera naissance à un fils, Basile second du nom.

Puis on perd sa trace.

Un magicien nommé « Le doré » commence un numéro dans l’une des salles de Las Vegas en 1954. On dit de lui qu’il réalise des souhaits.

Il disparaît mystérieusement deux ans plus tard.

On remarque sa présence aux manifestations contre l'armement nucléaire en 1958.

On le photographie en 1960 à un sit-ins dans un restaurant de Birmingham pour protester contre les ségrégations raciales toujours en vigueur aux USA.  

Un contrat est établit en 1968 entre la blanchisserie Landmann et Basile Seldon.

Une photo de Basile est retrouvée au défilé du président Jimmy Carter en 1976.

La blanchisserie Oswerd Forks engage Basile Trent pour cinq ans en 1980.

On retrouve une autre photo semblant correspondre à Basile au défilé du président Georges Bush en 1988.

Anecdote du Sunset Magasine, à Augusta
LA FUITE DES MONSTRES
UNE RUMEUR DANS LE MAINE ?
Tracy Miller raconte à notre journaliste.
T.C : Je rentrais des courses, c’était en 1992, peut-être en octobre. Je m’en souviens, il est planté là sur le trottoir, dans un manteau piqué à son père, je lui donne douze ans. Ce qui m’interpelle c’est qu’il est rivé aux écrans télé de la boutique de Jimmy Ferston et il est entrain de pleurer. L’odeur est insoutenable autour de lui. Un peu comme du souffre mélangé à la cannelle et à ses pieds il y a de la poussière mais plus je me rapproche plus je vois que cette poussière est dorée et il est là, ce garçon, et il pleure alors je m’approche, je lui demande si tout va bien. Il me répond quelque chose que je ne comprends pas. Ca ressemble à « Y’a vé. » Et maintenant je sais qu’il disait « Ils l’ont trouvé ». Alors je regarde la télé, et ce sont des fouilles vous savez, en Arabie, dans ces territoires désertiques avec les touaregs et je ne sais pas quoi. Ils sont entrain de faire des fouilles et ils ont trouvé comme une ville dans le sable. Je me dis que le garçon doit étudier ça ou s’y connaitre pour pleurer mais il n’a pas l’air de pleurer de joie et cette odeur est étouffante vraiment et le sable me touche les pieds. Le sable se met à bouger !
H.B (journaliste) : Et après madame Miller ?
T.M : Après il s’est enfuit en courant. J’ai gardé un peu de sable. Puis mon mari est rentré et l’a jeté. Il a pensé que ça allait nous porter malheur.
H.B : Merci madame Miller.
T.M : Mais je suis certaine que ça en était un.

Le Mall America du Minnesota engage Basile Franck Werber en 1995.

Suite au massacre de Littleton, dans le Colorado, des manifestations contre le port d’armes chez les particuliers éclatent un peu partout aux USA. Une photo à New-York montre Basile, alors chômeur, brandissant une pancarte en compagnie d’autres jeunes gens.
« UNE BALLE UNE VIE »


~

Février 2015, Conservatoire de Toronto.

« Alyssa ! Bouge merde on va rater le dernier bus ! »
« Oui ben deux secondes je cherche mes clefs ! »

Rage et peste la jolie Alyssa. Secoue son sac pour entendre le tintement salvateur des clefs – ne les trouve pas. Elle a pourtant fouillé sa veste, et son pantalon, sans succès. Se tourne vers la tablette de maquillage et observe parmi les produits, comme si son trousseau avait pu bondir pour s’y poser là alors qu’elle est certaine de ne pas y avoir touché. Elle pense : « Je suis sûre de les avoir laissé avec mon portefeuille » sauf que le portefeuille, elle l’a sorti pour acheter un déca au Starbucks d’à côté pour attendre Brian avant les répétitions.

Est-ce qu’elle les a fait tomber au moment de payer la serveuse ? Les a-t-elle posé sur le comptoir pour pouvoir prendre son porte-monnaie ? Le dernier bus est à 21h, il est 20h45, mais un problème se pose. Sans clefs, pas d’appart. Mais sans bus, pas d’appart non plus. Hors de question de rentrer seule, hors de question d’obliger Naomie à l’accompagner.

Elle voudrait se gifler si seulement elle savait à quel moment elle a merdé.

« Alyssa ! »
« Oui eh bien MERDE je les trouve pas okay ? Alors au lieu de gueuler, si tu m’aidais à les trouver ces fichus clefs parce que tout ce que je souhaite maintenant c’est mettre la main sur ce fichu trousseau qu’on puisse rentrer et – »

Et elles sont là. Pesantes dans sa main justement, avec la carte de la bibliothèque de sa fac et cet espèce de Titi tout moche que Brian lui a offert pour sa fête. Elle en reste bête, Alyssa, parce qu’elle ne les avait pas l’instant d’avant elle peut le jurer.

Mais déjà Naomie rentre dans la loge, l’observe,  baisse la tête, et sourit.

« Ah bah voilà ! Bon tu viens ? »
« Heu. »

Mais elles sont là, elles sont effectivement là. Produit de son inconscient ou geste machinal, Alyssa les a retrouvé.

Alors pourquoi quelque chose cloche ? Comme un doute ? Une impression ? Un malaise ?

« 20h50 bordel ! »

Plus le temps de penser, les filles se mettent à courir. Foncent dans le couloir, rient, se bousculent et s’encouragent à ne pas rater le dernier bus – 21h c’est pas un horaire, pourquoi pas faire des noctiliens, à cause des agressions incessantes contre les chauffeurs ? quelle connerie.

Elles manquent de bousculer le garçon occupé à passer la serpillière. Ne prennent pas le temps de le saluer.

Pas la peine non plus, et qui le ferait ?

C’est que le mec de l’entretien après tout. Même pas mignon. Même pas intéressant.

Même pas remarquable.


Et derrière l'écran, c'est qui ?


▲ Pseudonyme : M.
▲ Armin Arlert de Shinkegi… Shingeki.. Shon… L’attaque des titans.
▲ Double-triple compte : Premier.
▲ D'où venez-vous :: Fondatrice
▲ Une remarque à faire ? : SAMY J'ARRIVE

Un magicien dans le sable

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Emergence :: Création :: Fiches :: Terminées-