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Coming Back [Pv Sam]

Basile Samson
Basile Samson
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MessageSujet: Coming Back [Pv Sam]  Coming Back [Pv Sam] EmptyDim 27 Déc - 19:49



Coming back

with Sam




C'est le va-et-vient des pressés, le roulement métallique des caddies pleins et les regards fouineurs, attirés par chaque panneau de couleur vive annonçant une promotion. Ils sont peut-être 1000, ce samedi matin, à faire leurs courses de la semaine, profitant de ce début de weekend où il fait grand soleil, malgré la neige fraîchement tombée la nuit dernière. Il y a dans l'air une odeur de fête que les rayons ravivent à chaque panonceau annonçant Pâques. C'est à qui aura la plus grande peluche de lapin apportant ses oeufs colorés, et les enfants rient, boites de peinture dans une main, pinceaux dans l'autre, sillonnant les établis à la recherche de ce qu'ils pourront peindre avant la fabuleuse quête de fin de mars. Une bonne humeur exaltée malgré les quelques regards maussades de ceux qui ne sont pas du matin, qui n'ont pas trouvé ce qu'ils voulaient, qui supposent de la longueur de la file d'attente, ou manquent de bousculer ce garçon planté là, imbécile.

Basile fait tâche, comme il le fait toujours. Carré blond impeccable, grand manteau brun pendant lâchement sur ses épaules trop maigres. Un panier attend à ses pieds tel un chien fidèle, à peine remplit de quelques articles adéquats - un paquet de pâtes, une plaquette de chocolat, une botte de carottes et des bonbons en gélatine. Il compte aussi prendre un steak, au cas où Loup finirait par lui rendre de nouveau visite. Et si la cohue est dense, bruyante des paroles esclaffées d'un rire ou d'un appel, lui n'entend rien, rien d'autre que la musique.

Écouteurs profondément enfoncés dans ses oreilles, le curieux s'abstient aujourd'hui de tout témoignage. Il a trouvé, maladroitement, le bouton permettant de répliquer la chanson en une seule et même boucle intemporelle. Et s'il doit souvent le charger le soir, il se saoule de Gotye, de la bande-son du danseur qu'il n'a pas recroisé.




Cela doit faire deux semaines aujourd'hui, et non il ne compte ni les jours ni les heures. Non ne se souvient pas de ses côtes en xylophone et de ses notes de musique tatouées en grain de beauté à même son épiderme. Non il ne se remémore pas de ses yeux rougeoyant et de l'odeur de sirop d'érable. Non il ne se rappelle pas du bazar de sa loge et de l'éclat humide de la douche sur son miroir.

Non non. Il sourit pour rien d'ailleurs, il sourit comme ça.

Observe la danse du lièvre devant lui, grand automate qui a finit par lasser les quelques enfants au regard émerveillé. Le lièvre, inlassablement, prend un oeuf au sol, le pose dans son panier, et un mécanisme le fait tomber dans un trou sous la maquette pour reprendre sa position dans l'herbe. Confusément, le djinn pense à une torture grecque et s'appitoie de ce robot qui ne sait pas qu'on le dupe. Il voudrait bien monter et boucher son panier. Alors le lièvre le remercierait, ou lui donnerait l'un de ses oeufs colorés, et pourrait lui expliquer les tenants et aboutissants de Pâques. Pourquoi, du Chris ressuscité, on passe à une fouille des jardins pour quelques douceurs au cacao. Dieu était-il un lapin ? Jésus est-il mort de gloutonnerie, quoique cela ferait sens, puisque c'est l'un des pêchés que l'on ne peut pardonner. Que c'est compliqué.

Profonde perplexité du djinn devant cette fête. Tristesse pour le tourment du lièvre et pour ses interrogations malmenées. Au fond, ses questions sont parfois comme cet oeuf bricolé.

Il soupire. Que venait-il faire ici au juste ?

Ah oui. Trouver un cadeau d'anniversaire pour Magda, sa collègue de travail qui va bientôt avoir 32 ans. C'est une vieille fille célibataire et plutôt sympathique avec laquelle il s'est lié au hasard de leurs missions collectives. Notamment dans ce building du centre-ville, proche des immeubles où vit Sambre-menthe le frigorifié. Il a pensé à une plante, puisqu'elle semble les adorer. Mais aurait sans doute mieux fait d'aller se balader dans une jardinerie.

Pourtant, il ne supporte pas le rayon des animaux et toutes ces bêtes enfermées dans des cages vitrées, le regard larmoyant de ne jamais être choisi. Basile sait, pour sa santé, qu'il ne faut pas y mettre les pieds au risque de vouloir tous les adopter.

Il a déjà bien à faire d'un loup de grande taille et de ses liens qui se tissent au fil de ses routes à Toronto.

Et voilà que l'un d'eux s'approche pour le recroiser. Dans son dos d'inconscient qui ne perd pas de vue l'automate. C'est ainsi que la prédiction le décrivait, surprit et troublé. C'est ainsi sans doute qu'il sera.

Mais quel lieu étrange tout de même, qu'un centre commercial, au beau milieu du public, pour reprendre la danse avec un si beau diable.






Dernière édition par Basile Samson le Mer 13 Jan - 21:15, édité 2 fois
Samaël Lamoureux
Samaël Lamoureux
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MessageSujet: Re: Coming Back [Pv Sam]  Coming Back [Pv Sam] EmptyMer 13 Jan - 21:05



Coming Back

with Basile

Deux semaines. Il sait, il compte.
Deux longues semaines à ne pas parvenir à se tuer à la danse.
Quatorze jours à passer autant d’heures que possible devant son reflet.
Quatorze jours aux prises avec sa plus que jamais infatigable nature. À quelques heures d’insondable sommeil près.
Plus exigeant envers lui-même que même le chorégraphe ne l’ose, Samaël les épuise tous. Danseurs, partenaires, élèves. L’énergie qui le possède est une proche cousine de la folie. C’est ce qu’ils soupçonnent en s’efforçant malgré tout de suivre l’énergumène dans son interminable et délirant ballet.

En ce samedi matin, pourtant, Samaël a fait montre d’une modération qu’on ne lui connaît plus. Plutôt que d’étirer la répétition matinale en faisant une pratique en solo, il est parti en même temps que le reste du groupe. Cela dit, qu’une fois après avoir tiré de son sac une paire de pointes qu’il a enfilées, ravi et amusé de son effet, sous les regards déconcertés de ses pairs.
Quelques jours plus tôt, l’une d’eux s’est plainte de n’avoir jamais eu l’occasion d’assister à une représentation du Lac des cygnes. Elle aurait souhaité pouvoir s’inspirer d’autres – à tout le moins d’une – Odile avant de devoir elle-même l’incarner.
Ajustant ses pointes, Samaël a tout simplement déclaré :« Trouve la musique, je te fais la variation. »
Une minute plus tard, il se hissait sur ses pieds, bientôt sur ses pointes, et leur interprétait la variation d’Odile. Soit, s’improvisait cygne noir. D’abord devant leurs sourires, bientôt devant leur silence admiratif.
Le cygne de Samaël est monstrueux. Terriblement noir et étonnamment sien.

Mais il a dansé en ne pensant qu’à lui.
Petit prince du désert.
Polisseur de reflets.
Manieur professionnel de la serviette.
Basile.
Je ne t’ai pas oublié. Que ça hurlait dans chacun des pas du danseur, dans chaque saut, dans chaque tour, comme autant de tentatives échouées de s’étourdir et de se distraire l’obsession.

Après avoir sourit devant le danseur sur pointes, elle a admiré, l’aspirante Odile, et envié, aussi, cette force, cette grâce qui, bien que masculine, n’en est pas moins captivante, et plus captivante, surtout, que la sienne.

Samaël a retrouvé sa loge, s’est douché derrière le nouveau rideau qu’on y a installé près de deux semaines plus tôt avant de s’habiller de son désordre.
Ici un jean, là un t-shirt blanc, par-dessus le tout, un caban noir avec capuche, dont il se coiffe d’ailleurs avant de sortir.
C’est la nécessité qui tire la bête hors de son nid. Celle de son art, principalement.
D’un ennui, rien que l’idée de ce magasinage… Le bon temps, celui où maman Lamoureux s’occupait de tout, manque cruellement au danseur, en ce tôt samedi.
C’est à la traîne que Samaël conduit donc ses pas jusqu’au centre d’achats.



« Quelle taille tu fais ? »
- J’sais pas… »

De l’ordre de la torture, cette scène. Ce n’est pas que l’exaspération de la vendeuse, c’est aussi l’énorme tutu rose et la trop enthousiaste fillette derrière ainsi que sa mère qui soupire, toute sauf subtile, l’impatience.
La vendeuse contourne le comptoir, regarde Samaël de haut en bas, s’attarde plus longuement au niveau du bas-ventre.

« Ouvre ton manteau. »

Las, il obéit et défait les boutons, s’expose. Sans gêne aucune, elle observe fixement l’ici-bas, avant d’ordonner de plus bel :

« Tourne. »

Ce qu’il fait. Elle soulève alors le manteau et examine d’un œil de connaisseur le fessier dévoilé.

« Hmm… »

C’est long.

« Medium. »

Samaël hausse les épaules. La fille lui revient avec le nécessaire. Emballées comme il se doit, les trois ceintures de support, medium, une fois payées et glissées dans un sac plastique, repartent avec celui dont elles seraient bientôt intimement, très intimement liées.

C’est la faim qui pousse Samaël jusqu’au supermarché.
Samaël qui, vite fait, a atteint sa limite en matière de shopping.
Sans se munir de panier, il attrape quelques bananes dans le rayon des fruits ainsi qu’un pot de beurre d’arachide plus loin. Il se dirige ensuite vers les caisses, avec le sentiment d’avoir été vidé par ce peu de temps passé sous les néons.
Mais l’impression n’est que passagère, car bientôt chassée à la simple vue d’un casque d’or familier.
Quelque chose s’accroche, en lui, s’accroche et s’agrippe dans sa poitrine en refusant à l’air tout passage. Ça ne dure, heureusement, pas longtemps. Le temps d’être saisi en plein cœur, puis relâché. Le temps de retomber en s’efforçant de ne pas perdre l’équilibre. Car soudain, tout est fragile.
Autour de toi, Basile, la terre se meut comme des sables mouvants.

Samaël avance quand même, sans réfléchir, happé comme un aimant, cependant d’un pas lent, du pas d’un funambule.
Un temps il reste là, planté derrière Basile à ne pas regarder le stupide lapin de Pâques, non, à regarder la tête blonde, le bout d’oreille qui perce à travers les mèches, la courbe du cou que soudain avale le col du manteau. Rien à deviner sinon du vide, sous le trop lourd vêtement. Et quelque part, peut-être, le corps égaré de Basile.
À ses pieds, son butin.
Samaël ne connaît pas ces bonbons-là.
Il fait un pas, se retrouve juste à côté de Basile. Sans le regarder, il s’accroupit, dépose ses bananes et son beurre d’arachide dans le panier et tire une carotte de la botte. Le légume en main, il se relève et va soigneusement déposer l’offrande dans le panier de l’automate. Posé, il revient à Basile, lui fait face. D’une main Samaël tient son sac, de l’autre il effleure la mâchoire du garçon, pianote jusqu’à l’oreille, doucement dérobe un écouteur afin de le faire sien.
Sans sourire.
Et les yeux rivés à un rien quelque part vers le bas, à droite.
C’est que, c’est tout ce qu’il mérite, lui. Lui qui l’aime bien.


Basile Samson
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MessageSujet: Re: Coming Back [Pv Sam]  Coming Back [Pv Sam] EmptyMer 13 Jan - 21:10



Coming back

with Sam




La musique reboote et il surgit à ses côtés, silhouette noire contre celle, brune et blonde, qui tourne la tête pour le saisir dans son entièreté. Tandis que Samaël se penche pour saisir l’une des carottes, la bouche de Basile forme un « O » parfait. Et son cœur tressaute, vif, comme parcouru d’un courant électrique qui bat le rythme de Gotye. Oh le chant lancinant qui lui met les nerfs à fleur de peau semble comme une berceuse d’extase un peu sensuelle. Et tout cela forme un clip, comme dans ces émissions musicales que le djinn ne regarde pas mais dont il a tout de même conscience.

Qu’il est beau, son petit mouton noir faisant les courses. Qu’a-t-il déposé dans son panier ? Quelques articles d’ensemble pour une quête qu’ils feront à deux une fois sa mission terminée ? Basile le regarde poser la carotte dans le panier et il rit, applaudit un peu, sous le regard effaré et réprobateur des bien-pensants qui pensent que le danseur nuit à l’ouvrage. Bientôt, peut-être, sans doute, un gardien viendra et les sermonnera, eux les deux enfants idiots, comme ceux auparavant qui ont voulu, certainement, voler les œufs colorés. Alors Basile lui expliquera qu’il est grand temps de nourrir l’automate. Et ils fuiront en courant, abandonneront leur propre panier pour se saisir main dans la main dans leur fugue.

Et ils riront, riront comme il le fait maintenant, riront d’eux-mêmes et de ceux qu'ils bousculent, les quilles si bien posées dans une société aux codes trop stricts. Basile sèmera du sable sur son passage et cela fera une patinoire de désert. Une charmante composition pour tant d’âmes qui glisseront, se percuteront, et se regarderont enfin droit dans les yeux.

Comme Samaël le fait à cet instant.

Il est face à lui, et couvre le monde d’un nuage noir. Il envahit toute la scène sans avoir besoin de danser. Caresse son menton, que Basile relève en plissant les yeux. Et cela le fait glousser, plus bas, plus gêné, de sentir dans son estomac comme des baleines qui chantent. Avant qu’un écouteur ne lui soit volé, ne s’insère dans l’oreille de son suiveur.

Les voix reviennent autour de lui, on a sans doute remit le son de la réalité. Et Basile dénie cette apparition d'un doux signe de tête.

Non. Pas tout de suite les autres. Pas encore. Juste toi et moi.

Et ses lèvres miment en silence.

I’ll wait patiently for your return.
You’re coming back. You’re coming back.

Chante sans voix sur celle qui se prête à ce qu’il a pensé tant de fois, pendant deux semaines. Se rattachant à des souvenirs de lui, des mots de lui, l’odeur de lui, le désordre de lui, lustrant chacun des miroirs à vouloir qu’il se reflète dedans et ressentant dans son dos comme une démangeaison inatteignable, celle de sa signature.

Mais maintenant il est là. Et Basile vient contre lui, tombe, comme la tour de Pise le ferait si elle le pouvait. Noyant son visage dans son cou. Buvant son parfum comme un vin, appuyant ses mains contre son torse. Oubliant le lapin, Pâques, les bonbons, les carottes, les farces, les fugues, le centre commercial, le monde et son amnésie.

Pour s’emplir de lui.

Et susurrer tout bas.

« … Sam. »


Comme une inspiration salvatrice.

Et baisser les yeux, étincelants comme des étoiles chatouillées, sur le sac que Samaël tient toujours. S'exclamant, innocent.

« Oh ! Tu t'es fait un cadeau ? »





Samaël Lamoureux
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MessageSujet: Re: Coming Back [Pv Sam]  Coming Back [Pv Sam] EmptyMer 13 Jan - 21:13



Coming Back

with Basile

La musique, c’est Basile.
Samaël redresse la tête et pose son regard sur cette bouche, jolie, qui s’anime en silence, d’une oreille, et en Gotye, de l’autre. Il ne lâche pas des yeux les lèvres de Basile qui chantent pour lui et qu’il touche, du bout des doigts. Samaël goûte avec les mains. Plus tard, peut-être, il regardera de plus près. Il regardera avec la sienne de bouche.
C’est un mince sourire que d’y penser.
Déjà d’y penser c’est un peu d’y être. Et Samaël se demande, à sourire d’amusement, de rien, à sourire léger comme un inconscient, si Basile aussi y pense. Là maintenant.
Aussi, comme s’il se répondait à lui-même, petitement, lentement, il secoue la tête.
Non, que ça murmure rien que par le geste.

Quand l’autre lui tombe dessus.

Lui reste pilier, fort de ses deux jambes, et accueille cette embrassade de son immobilisme.
D’abord.
Puis de son visage qui s’incline vers l’étroit triangle de peau tout près du col du manteau. Triangle de peau que laissent entrevoir les mèches blondes qui se sont écartées au mouvement de pendule du garçon.
C’est là qu’il goûtera en premier, Sam. Ce qu’il fait du bout des lèvres, effleurant, de l’ébauche d’un baiser, d’une caresse maquillée, ce fragment dévoilé.
Il voudrait le lui dire, le saisir au menton, lui redresser la tête et lui dire, œil pour œil et que ça, comme s’il lui glissait une lame sur gorge, lui dire qu’il a envie de l’embrasser.
Qu’est-ce qu’il en ferait ?

« … Sam.
- Quoi. »

Le mot tombe platement, sans réellement demander, tombe et s’aplatit sur la nuque de Basile, glisse et s’écoule sous le manteau, tout le long de la colonne vertébrale, disparaît. Samaël voudrait plonger, lui aussi, y suivre ce « quoi » de tout et rien, être avalé par le grand trop grand manteau de Basile.

« Oh ! Tu t'es fais un cadeau ? »

Réchappé de justesse, Samaël se redresse doucement, recouvrant, un peu, ses esprits un instant assoupis.
Il baisse les yeux sur son sac, qu’il tient toujours, mais qu’il oubliait tout de même.

« Hum... »

Il cherche un moment, des mots surtout, en hausse une épaule et les sourcils en affichant une moue ignorante.

« Un cadeau pour mes fesses, peut-être. »

Samaël élève, ce disant, le dit-sac sous les yeux de Basile et l’ouvre.

« C’est pour la danse. Des sous-vêtements. »

Un sourire lui pince un peu le coin des lèvres et lui souligne le regard.

« Je suis medium y paraît. »

Y paraît.
Et Samaël rabaisse le sac, le laisse pendre au bout de son bras, sans pour autant reculer.
Du menton, il indique le panier gisant non loin, à leurs pieds, et se penche afin de le ramasser. Il se relève, les deux mains chargées et, se tournant en direction des caisses…

« T’as mangé, déjà ? Je te fais à manger, si tu veux. Si tu peux. T’habites près d’ici ? »

Invite-moi chez toi, ronronne le diable, que je me frotte contre tes jambes.


Basile Samson
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MessageSujet: Re: Coming Back [Pv Sam]  Coming Back [Pv Sam] EmptyMer 13 Jan - 21:15



Coming back

with Sam



Joli torse sous ses mains, qu’il touche, tout chaud, ne caresse pas – n’ose pas. Basile ressent sa bouche sur la peau de sa nuque et ce baiser qui le mordille d’air lui arrache comme un frisson. Il se tend un peu, maladroitement habitué aux contacts humains, mais stupide de ceux qui effleurent la racine de sa chevelure. L’a-t-on déjà touché ici ? Peu sûr. Et embrassé ? Jamais. Ni sur la peau, ni sur les lèvres, juste sur la joue, parfois. Un claquement de femme, de vieille, de mère, d’amie, de rire et d’intimité partagée. Le genre auquel Basile ne fait pas grand cas. Même s’il a toujours préféré les étreintes aux poignées de main, le djinn ne veut salir personne de sable.

Mais les doigts de Samaël se sont fait agiles sur ses lèvres, et s’il a goûté ses empreintes, le magicien n’a pourtant pas sorti sa langue. Comme il rêve de le faire, là contre son cou, pour laisser sa salive compter les battements de son cœur. Et savoir, enfin, s’il a le goût du sirop d’érable que son épiderme exhale par bouffées tièdes. Il pourrait bien l'enterrer de sable, lui dessiner des formes, comme une queue de sirène ou des ailes de cygne. L'ensevelir dans ses bras, le manger à jamais et rire de lui, avec lui, du monde et du reste. Le gardant pour lui à jamais.

C'est étrange tout de même. Cette pulsion soudaine et affamée qui gronde et rugit et trépigne dans son ventre.
A croire que les baleines se sont changées en tigre.

Au quoi, qui coule, comme de l’eau dans son dos – mais il ne se lasse pas de sa voix, même sur cette pauvre question sans réponse – Basile a un nouveau petit rire. Et cela soulève les fins cheveux noirs sur le cou du danseur. Cela lui fait comme des plumes, qu’il vient lisser du bout des doigts.

Avant de reculer, et de porter son attention sur l’origine du paquet que Samaël, maladroitement, tient à expliquer. Basile ouvre de grands yeux bleus intrépides, glousse bêtement comme un enfant malicieux, et se permet d’ouvrir le sac pour observer les ceintures.

« Cela me rappelle une gravure au Japon. Les sumotoris. Mais toi tu es tout élancé comme une tige. C’est peut-être pour te porter alors. Comme deux mains sous tes fesses, c’est drôle quand même quand on y pense. »
Et la tête penchée de côté, il essaye d’imaginer, cette cambrure ronde nouée de tissu. L’image que cela lui renvoie de Lamoureux, entrain de tourbillonner. Ca le fait rire encore, plus tendre. C’est quand même incongru.

« Tu n’auras pas mal comme ça ? Tout coincé dedans ? Mieux vaut danser avec ça que tout nu. Quand même. Enfin même si les vêtements que tu portes, ton collant et tout ça, y ressemble quand même beaucoup. Te colle comme du papier humide à la peau. C’est joli je trouve. Ça m’a permis de te deviner. Avant même la baignoire. »
Petit pincement de lèvres amusé, il se fait habile, le djinn, titille et chatouille de pensées qui grignotent, qui testent les limites, foulant les frontières d’une empreinte ensablée.

« Si tu es médium, alors tu sais si j’ai déjà mangé. Et si j’habite loin, je n’ai pas besoin de te le dire. » Vif cette fois, il cueille l’écouteur volé, arrête le mp3 puis range l’appareil. Se redonne à la réalité comme à entrer dans une nouvelle danse. Ses yeux fouillent le paysage autour, et les témoins qui se succèdent. Visages multiples, conscience dépensière et affairée. Des fourmis. Des tas de petites fourmis. Basile les adore.

« Si tu veux cuisiner pour moi, je ne dis pas non. C’est bien la première fois que j’aurais un danseur dans mon appartement. »
Et l’idée en réveille une autre, le fait sursauter. « Oh mais j’y pense ! J’ai faillis oublier le steak haché. Vois-tu j’ai un ami très important qui vient souvent dîner à la maison. S’il n’a pas sa viande, il risque d’être triste. Moi je n’aime pas qu’il le soit. Alors plutôt que les caisses, il faut encore se frayer un chemin dans ces labyrinthes. Si nous nous perdons, nous n’aurons qu’à accrocher des ceintures sur notre route, cela fera comme un fil d’Ariane ! »

Splendide idée, splendide jeu. Basile bat des mains. Avant de se détourner, de filer. Laissant sa crinière dorée l’appeler comme un phare dans la nuée.




Samaël Lamoureux
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MessageSujet: Re: Coming Back [Pv Sam]  Coming Back [Pv Sam] EmptyJeu 14 Jan - 20:30



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with Basile

Ce qu’il est gamin… Songe le danseur devant le garçon d’entretien. Car de se voir soudain sumo, Samaël sourcille. Lui, dans sa finesse, dans sa roideur, devant l’un de ces lourds énergumènes. Tout aussi dénudés l’un que l’autre. L’autre lui fonçant dessus et lui, à pas de chats, à pirouettes et sauts, esquivant, tout de grâce, les assauts du lutteur.
Samaël, de petite gêne, qui sourcillait ne sourcille cela dit pas longtemps, n’arrivant pas à contenir son sourire devant le rire enfantin de Basile.
Même… L’envie lui prend d’enfiler l’une de ses ceintures sur-le-champ et de mimer ce combat improbable et loufoque qui lui amuse les idées, pour qu’il rit de plus bel, le gamin. Il danserait avec le lapin automate, singerait le sumo en lui prêtant la hauteur de son ballet.  
Combien il rirait, le Basile!  

Combien il rira, se promet Samaël, dans un bonheur soudain tendre.  

Pour ce qui est des fameuses ceintures, il hausse mollement les épaules devant les questions du curieux et marmotte un :

« On s’habitue… »

Peu convaincant. Quoique sincère.  
Mais ce qui intéresse réellement Samaël dans les mots que Basile lui sert avec une quelque peu déstabilisante sans-gêne, c’est le fait qu’il l’ait soi-disant deviné avant même de le voir. Lui, dans sa peau pointillée noir sur blanc, dans sa chair sculptée au couteau.  
Étonné, le Samaël, de se retrouver une fois de plus devant ces jeux dont le jeune homme ne semble qu’à demi-conscient.  
Ce qu’il est coquin…  

Le filou qui lui soutire en douce son écouteur! Samaël en fait la moue, et rechigne, rouspète. À peine, mais quand même.

« Hey… »

C’est d’avoir perdu sa musique, qui le fait bouder. Car que l’écouteur se retrouve entre les mains de Basile, avec le lecteur mp3 au bout du fil, ça, Samaël n’y songe même pas. Ou plus. Sa musique, en vérité, n’est plus réellement que la sienne. Autrement, ailleurs, quelque part dans chacune des chansons de Samaël que Basile a faites siennes, ils se sont touchés, déjà, de près, à s’y égarer l’un dans l’autre.

« Parfait. » expire vivement, se ressaisissant, le danseur aspirant cuisinier.  
Très bien, Basile, je cuisinerai pour toi, acquiesce-t-il d’un vif hochement de tête, tout en souriant, malicieux, en songeant que ce sera la première, mais peut-être pas la dernière fois que le petit prince accueillera un danseur chez lui…

Il en est déjà à réécrire mentalement son plan, sa liste, quand Basile sursaute auprès de lui.
Et quoi encore.
Non seulement cet « ami » est dit-on très important, mais il traîne avec lui ses caprices auxquels Basile de toute évidence répond docilement.  
Aussi secrètement que possible, Samaël en plisse les paupières et en hausse en catimini, d’agacement, une extrémité de sa lèvre supérieure. C’est qu’il n’a pas l’habitude de devoir partager avec qui que ce soit l’attention qu’on lui accorde.  
D’une profonde inspiration, il s’efforce de reconquérir son calme, mais ne tarde pas, de toute façon, à se réveiller de ses brumes devant Basile qui soudain s’emporte, enthousiaste.
Sam, lui, redoute de se perdre parmi ces fourmis qu’il ne sait pas apprécier, qui l’étourdissent et surtout, lui causent une fatigue prématurée.
Mais le diable en lui tape du pied, impatient, et bientôt n’y tient plus et, s’emparant de son beau danseur, le secoue. En lui, il accourt, fait trébucher le bellâtre, mais rattrape Basile, va jusqu’à le dépasser, le panier en main, les ceintures de support dans l’autre. Le corps tiré vers l’avant, Samaël marche à grands pas pressés, un peu fou. Et de folie, il secoue vivement la tête, en tire un air échevelé, les mèches rendues un peu folles, elles aussi.

« T’as des oeufs? Du lait? De la farine? » demande-t-il en fouillant les rayons du regard. « Ah ! » Sirop d’érable. De gestes d’automate, il laisse tomber le sac contenant ses ceintures dans le panier et attrape une, deux, trois cannes de sirop d’érable qu’il joint précautionneusement, une à une, à leur butin rassemblé.  
Puis, de tout son haut il darde sur Basile un air on ne peut plus sérieux.
« Je te fais des crêpes, Basile. »

Une seule grande crêpe dans laquelle je te couche, je te roule, je t’arrose de sirop et je te bouffe.

Carnassier, le diable sourit.
Joueur, Samaël aussi.



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MessageSujet: Re: Coming Back [Pv Sam]  Coming Back [Pv Sam] EmptySam 16 Jan - 12:17



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Basile passe entre une femme et son époux qui, le regard froissé de colère mal contenue, n’allaient pas tarder à se disputer. Il les sépare, comme Moïse le fit de l’océan, et laisse une trace de sable sur laquelle l’une dérape, et l’autre rattrape. Comme une comédie, ils se tombent dessus, et se fendillent, rougissent et rient un peu. Et le djinn flâne sans les avoir remarqué, fait des entrechats avec un enfant qui s’essaye à le croiser, se mêle à la foule dense qui le grignote, se dirige vers le rayon des viandes, sans regarder l’étalage de morts qui attendent, patiemment, que les bouches affamées les dévorent puisqu’ils n’ont plus d’autre utilité. Il y a là des lapins dépiautés et des côtes denses de chair toute rouge de sang.

Basile en pleurniche un peu d’une grimace, pianote au bout du frigidaire, se décide enfin pour un steak tout rond et tout rayé et revient vers Samaël pour tout déposer dans le panier, évitant de contaminer la botte de carotte et les bonbons gélifiés.

« Ne peut-on pas vivre sans viande ? Ne peut-on pas vivre sans tuer ? »
Questionne-t-il, l’innocent végétarien qui culpabilise même de pêcher un poisson tant la vie lui semble précieuse bien plus que chère. Bien plus que chair.

« Je n’ai ni œuf, ni farine, ni rien pour cuisiner. Que des petits légumes et des petits gâteaux et toutes ses choses qui ne me demandent pas de grands efforts. »
Basile a un petit rire et vient se lover contre le bras du danseur. Pour souffler à l’oreille du cygne noir une petite vérité. « J’oublie toujours tout quand c’est sur le feu, je pense à autre chose et ça m’amuse. Alors ça brûle et ça empeste. J’ai arrêté. »

Puis il se penche sur le panier, et attrape les cannes que le danseur vient d’y déposer. Trois petits flacons rempli d’un sirop d’érable si onctueux qu’il l’entend à peine remuer dans la boite quand le magicien s’amuse à la secouer. Son regard bleu pétille d’amusement tandis qu'il les repose.

« C’est pour le boire ou c’est pour le manger ? Des crêpes, j’aime ça. Avec de la glace aussi, on en prend ? »
Il semblerait presque qu’ils soient devenus un couple aussi familier que ceux qui errent, à deux ou accompagnés de la marmaille, en ce samedi matin. A les voir, on ne croirait pas à une seconde rencontre. Sans doute car la familiarité du blond transgresse tous les codes d’usage et les distances nécessaires pour s’apprivoiser.

Mais qui saurait apprivoiser un cygne noir ? Ne vaut-il pas mieux les regarder, ou les attraper ?

« J’habite loin, mais pas assez pour qu’elle fonde. Pour que tout se gâte. Nous marcherons vite, cela aidera. Et chez moi, oh tu vas voir mon chez moi. C’est beaucoup moins le bazar que dans ta loge tu sais. On m’a dit qu’ils avaient demandé à une autre de venir, pour me remplacer. C’est ainsi dans ma société. On tourne comme sur un manège. Mais je finirais bien par revenir. Dans deux jours. Dans deux semaines. C’est selon. »


La nonchalance dont il fait preuve à cet état de fait pourrait presque passer pour de la cruauté infantile. Mais pourquoi s’inquiéterait-il de son absence quand un supermarché peut les faire se recroiser ? Le djinn l’avait parié, le djinn avait gagné, de lui dire qu’un jour, par surprise, le danseur le retrouverait. Et il suffirait d’un souhait pour que cela se réitère.

Basile s’écarte. Basile fuit, à une rangée opposée, disparaissant à l’angle au pas de course. Et cela ronchonne d’être bousculé par cet excentrique intenable qui laisse encore sa poussière – n’est pas si sale ?

« Je t’ai manqué ? »
La voix est ailleurs. S’égarant encore entre les allées, presque immatérielle. Entre les boites de conserve qu’il écarte en fuyant, il peut voir Samaël de l’autre côté. Et les rangées forment une barrière entre eux tandis qu’il rit, et son regard bleu pétille de le croiser. « Je te vois. »

Puis il s’enfuit. Après une minute d’absence, surgit dans le dos du danseur, comme surgissant du sol lui-même. Les néons bleuissent son visage, il tient entre ses doigts un pack de glace à la vanille. Et son nez vient effleurer celui de Samaël.

« Bouh. »





Samaël Lamoureux
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MessageSujet: Re: Coming Back [Pv Sam]  Coming Back [Pv Sam] EmptyJeu 11 Fév - 16:26



Coming Back

with Basile



« Sûr qu’on peut. » Vivre sans viande. Sans tuer. La réponse lui est étonnamment une évidence. Enfin, il faut dire que Samaël n’a rien d’un grand carnivore. « Mais le vouloir, c’est autre chose. » Néanmoins, l’appétit du prédateur n’en sommeille pas moins en lui. Et devant les étalages de chair emballée, devant les corps découpés, devant la viande rouge, devant le sang, Samaël ne sait s’empêcher de songer que ces pièces détachées pourraient être eux. Pourraient être lui. Et, l’œil rougeoyant, il tourne la tête vers Basile qui au même moment se love contre lui.

« Tu sais pas cuisiner. » Résume Samaël devant les aveux du garçon, tête basse, en évitant de regarder l’étalage des morts, non loin.
Et de voir une fois de plus sa nature de glucosivore mise à jour par la question posée lui fait, timidement, s’empourprer les pommettes.
Samaël hausse une épaule, se farde d’une nonchalance malhabile.
« Pour boire, manger… C’est pareil. »
Non, mais enfin.
« Okay pour la glace. J’aime bien à la vanille. Avec le sirop, ça fait bon ménage. »

Entraînant son garçon de sable avec lui, il se met en quête des composantes de leurs crêpes, rassemblant, une à une, au fil de leur migration, les morceaux du puzzle de leur petit déjeuner à venir.
D’une oreille il écoute Basile qui lui parle de son chez lui, de l’autre il s’entend penser. Que c’est étrange et étrangement naturel à la fois, cet impromptu au milieu de tout. Ce pas de deux sur fond de cacophonie et de cohue. Étrangement amusante, aussi, cette tension entre aisance et trouble à te côtoyer, marchand de sables, marchand de rêves.

« Quoi !? »

Le petit sac de farine tombe lourdement dans le panier et fait lever un petit nuage de poussière blanche qui redescend doucement.
Samaël secoue la tête, fronçant les sourcils.

« Mais je veux pas qu’elle entre dans ma loge ! Elle n’entre pas dans ma loge ! Personne n’entre dans ma loge ! » Que ça s’emporte, grand gamin, d’une voix douce-colère, le poing serré sur la poignée du panier.
« Que moi. Et toi. » Se corrige et admet-il.

Les flammes s’amenuisent sur le flamboyant ego de Samaël. La douceur de Basile, sa nonchalance, y sont pour beaucoup. Et puis tandis que le feu s’éteint, l’inconfort de se trouver ici, lui, reprend emprise sur le danseur. Les paumes se font moites, une goutte de sueur lui lèche même la nuque et glisse tout le long de sa colonne vertébrale.
Samaël a un frisson.
Basile s’est échappé.

« Ba- »

Et s’il avait rêvé ? Et s’il avait dormi, tout ce temps ? Danseur funambule, tu fabules.
Tout juste fou, à peu près sain d’esprit, d’entendre claironner soudain la voix du blond fait sursauter le brun. Il tourne la tête vers le rayon, découvre Basile entre deux rangées de cannes de petits pois.

« Petit pois. » Accuse-t-il amusamment. Puis il s’approche, se penche légèrement jusqu’à appuyer son menton sur la tablette. Innocemment, il répète. « Je te v- » Mais une fois encore Basile lui glisse entre les doigts, lui échappe comme une goutte le long du dos.

D’un soupir, Samaël se remet lentement en marche. Il ne manque plus que la –

« Bouh. »

Au fin sourire du danseur, aussitôt, mu par quelque diablotin, de venir se presser sur le bout du nez du farceur.

« J’ai faim. Sois sage ou je te mange le nez. » Sans attendre il lui prend d’abord la glace à la vanille, la range dans le petit mais grandissant désordre régnant dans le désormais lourd panier, puis lui prend la main. Direction les caisses.

Sympathique à souhait, Samaël pose le panier toujours plein directement sur le tapis roulant, sous l’œil ennuyé de la caissière mâcheuse de gomme. C’est qu’il ne veut pas que Basile lui échappe de nouveau. Hors de question de le lâcher.

« Quarante-quatre et cinquante-six. »

De la poche de son pantalon, Samaël sort une carte de crédit et règle le tout.
Il tend ensuite son sac de ceintures à Basile. « Tiens. » Et se charge des deux autres, de sa main libre.

« Basile. » L’heure est aux aveux. Aussi monsieur Lamoureux a-t-il, pour l’occasion, enfilé un air piteux et pince-sans-rire. « Quand j’ai faim, je suis encore moins medium que pour de vrai alors, faudra que tu m’aides, pour trouver c’est où, chez toi. »

Direction la sortie.

« Je t’ai dit que j’avais faim ? » Fait-il en tentant de cacher son sourire au coin de ses lèvres.

Faim, faim, faim… Encore faut-il savoir de laquelle il s’agit.



Basile Samson
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MessageSujet: Re: Coming Back [Pv Sam]  Coming Back [Pv Sam] EmptySam 13 Fév - 12:58



Coming back

with Sam




Comme il s’énerve, son beau danseur. De voir son territoire piétiné par les pas d’un autre – d’une autre, plus exactement. Basile se tait, fermant prudemment la bouche pour laisser glisser son regard sur les étalages. Il serait pourtant plus simple de lui dire que sa remplaçante ne sera jamais admise dans l’antre du cygne noir. Mais l’instinct le musèle et s’amuse de cette impertinence. Basile sait quelque chose que Lamoureux ignore, et cela le contente, de lui faire la surprise, plus tard. Bien plus tard. En attendant il vaque, court de-ci de-là. Le nargue bien sûr, le surprend – toujours. Et revient au panier, comme ramené par une laisse invisible, un lien entre leurs petits doigts.

« Si tu me manges le nez, je serais comme un poisson rouge, à respirer par la bouche. Bop bop. » Et Basile roule des yeux, tournoie encore autour du danseur, en feu follet. Qu’il le mange, qu’il le croque, qu’il le happe – miam – comme une glace. Qu’il le grignote, qu’il le dévore, qu’il le bouffe tiens. « On a beaucoup de choses dans ce panier, mais c’est moi que tu veux mordiller. Vilain danseur. Je ne suis pas comestible. Je suis trop maigre et trop sec, tu ne vois pas mes os ? On dirait des boursoufflures à ma peau. »

Il vient rire dans son écharpe. Et lui prend le bras, plongeant son regard dans le sien.

« Cannibale. »

Avant de se faire entraîner. Aux caisses, il est bien sage. Sourit à la caissière qui mâchonne son chewing-gum. Lui en demande un, par politesse. Et la femme se fige sur son siège, avant de présenter la rançon de son appétit, puis fouiller dans la poche de sa veste, puisque le blond attend une offrande. A plonger la patte élastique entre ces crocs d’herbivore, il délaisse les us et coutumes de l’argent, ne fait pas de fausse mine et laisse donc l’autre payer. Avant de sautiller, l’écharpe volant derrière lui, pour ramasser le sac en plastique.

« La grosse méduse blanche que voilà. On soufflera dedans à en faire un ballon, dis ? »
Il rit encore. « Merci madame ! » Et s’enfuit.

Samaël suit, avec les courses, et Basile traverse la marée humaine, museau levé vers le ciel du centre commercial. Il y a des boutiques, tout là-haut. Des visages qui se penchent, vers le tout en bas. D’autres enfants qui jouent, d’autres visages maussades, et la nouvelle cacophonie des demandes et inquiétudes.

« Je crois que j’ai oublié le sel. » « On doit passer à Asos. » « Tu es sûre que tu as verrouillé les portières ? » « Je t’avais dit de prendre le chéquier. » « Et voilà maintenant il faut encore que je paye les courses de ce weekend. » « T’as envoyé le loyer ? »

La bourrasque de vent souffle à travers les portes vitrées qui s’ouvrent et se referment et s’ouvrent et se referment, jamais complètement, toujours bousculées. Basile passe entre elles, leur jette un regard désolé, avant de se tourner vers son cuisinier qui, piteusement, avoue son ignorance, d’une manière qui l’amuse phénoménalement.

« Je sais. Je vais jouer avec toi. Tu vas avancer et si tu es sur la bonne route, je dirais « Chauuud ». Mais si tu n’es pas sur la bonne, alors je dirais « Froiiid » qu’en dis-tu ? » Revenant vers lui, il cale sa joue contre son épaule, et vient caresser son bras, aux doigts malmenés par la pince du plastique qui se referme à ses jointures. « Tu as faim, oui, je sais. Tu veux que je te donne la becquée ? Je vois les bonbons là, je pourrais sans doute les attraper. Un pour dix pas fait. Et après on se relayera. Parce que tes ceintures ne pèsent pas lourd au bout de mes petits doigts. »

Nouveau gloussement.

« Froiiiid. » Et c’est vrai qu’il fait froid, d’ailleurs. La neige a recommencé à tomber, pendant son absence, et saupoudre sa chevelure de sucre glace, tandis qu’ils s’éloignent du parking, dans la mauvaise direction.





Samaël Lamoureux
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MessageSujet: Re: Coming Back [Pv Sam]  Coming Back [Pv Sam] EmptyMer 24 Fév - 22:49



Coming Back

with Basile

Samaël se laisse tourner autour par petite planète Basile avec la superbe d’un soleil. Petite planète blonde, petit désert trop aimé par son soleil, petit désert qui ne sera jamais que sables, jamais que veillé, de trop près veillé, mais peu importe, par son étoile.
Noire.

C’est vrai qu’il est maigre. Note le danseur pour lui-même.
Maigre le blondinet qu’il sent toujours animé par quelque électrique joie de vivre. Quel espèce d’aveuglant, ou aveugle, ou les deux, bonheur cache-t-il sous sa coiffe de valet de coeur?
Samaël l’ignore, mais se promet qu’en temps et lieu, il ira y voir de plus près. Il les lui fouillera, ses idées ensablées, s’y enfouira, et alors saura, enfin saura, ce dont il est fait, le marchand de sables qui ne saurait marchander. Du moins, Samaël en doute. Ou espère, plutôt, que le prix à payer pour ne pas savoir se faire autrement que curieux devant ses beaux yeux, ne sera pas sa ruine.

« … qu’en dis-tu? »

Lamoureux hausse les épaules. À sa façon, Lamoureux dit : si c’est ce que tu veux…
L’idée du jeu ne l’amuse guère autant que Basile. Peut-être parce qu’il ne s’agit que de ça, une idée, et peut-être aussi parce que le froid lui alourdi la faim, là, au creux du ventre.
Faim, qu’il a, le diable danseur, le beau diable, faim, oui. Tandis que Basile joue, veut jouer, pareil. C’est lui-même qui l’a dit. C’est un jeu, qu’il font, feront…
La neige fait fondre le maquillage de Lamoureux. Sa lassitude toute trafiquée lui coule sur les joues. Cette idée de jeu lui chatouille l’entendement. Alors Lamoureux, un instant, plisse les paupières. Il pourrait devenir fou, avec ce garçon. Devenir fou, rien que ça, devenir fou de rire, fou du prince, tous les fous.

Heureusement, l’autre, là, de sous son casque blond cache peut-être bien, après tout, quelque chose comme un sixième sens, entre autre… Car le plan qu’il propose soudain plait grandement à l’affamé.
Caressé, le diable s’apaise et souffle blanc sur fond de froid.
Aussi, il acquiesce. Qu’il sache, Basile, que son diable marche. C’est le sucre. Même qu’en idée, on ne saurait y résister.
Mais au hochements de tête approbatifs de Samaël succède un froncement de sourcils. Délogeant les flocons venus se percher sur ses cheveux, il désapprouve, refuse de partager le fardeau des sacs plastiques.

« Pas besoin que tu m’aides. Je suis moins maigre que toi. Je suis fort, moi, je suis que du muscle. » Et oui et oui, ça se vante, ce grand garçon, l’air fendant, en se balançant la frange sur le côté. « Tu m’as pas vu lever toutes ces danseuses, hein! Une vraie machine. J’ai les bras comme des ailes, les mains comme des serres… Je te lèverais, toi aussi, facile, même. Tu toucherais les flocons avant même qu’ils tombent de leur nuage, je te le dis. »

Cygne de proie, le seul, qu’il est, Lamoureux.

Heureusement, il est plus doué à porter les sacs qu’à trouver son chemin. Guidé par les indications de Basile, motivé par les bonbons, Samaël se fait girouette et change d’orientation au moindre « Froiiiid. », jusqu’à avoir l’impression d’avancer en zigzags dans les rues de Toronto.
Le pauvre danseur se sent devenir un peu con. Un peu engourdi. Pas tant par le froid, pas trop par le froid non, mais par ce sentiment d’aller nulle part.

« Ah, je sais! » Commence-t-il en manquant cracher son bonbon, qu'il prend d'ailleurs le temps de mâcher, puis d'avaler, avant de poursuivre... « Tu habites sur une autre planète, en vrai. » Samaël lève les yeux au ciel. Non loin, des immeubles leur font face. « Tu viens d’en haut, toi. » Le danseur baisse les yeux, regarde le garçon de sable et sourit, malin, fines flammes à l’oeil. « Moi, je viens d’en bas. » Et il rit, naïf, tandis que le diable retourne veiller dans son ombre.



Basile Samson
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MessageSujet: Re: Coming Back [Pv Sam]  Coming Back [Pv Sam] EmptyMer 24 Fév - 23:08

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Coming Back [Pv Sam]

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